Européens et pays arabes ont présenté au Conseil de sécurité de l'ONU un nouveau projet de résolution sur la Syrie, où les violences ont encore fait 56 morts vendredi, mais la Russie a rejeté ce texte, estimant qu'il franchissait des «lignes rouges». Sur le terrain, le chef de la mission d'observation de la Ligue arabe en Syrie, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, a déclaré que les violences avaient augmenté «de manière importante» depuis mardi, en particulier à Homs et Hama (centre) et Idleb (nord-ouest). Après plus de dix mois de révolte et des milliers de morts selon l'ONU, Paris, Londres, Berlin et plusieurs pays arabes ont présenté au Conseil de sécurité un projet de résolution qui reprend les grandes lignes du plan annoncé le week-end dernier par la Ligue arabe. Ce plan prévoit un transfert du pouvoir du président syrien Bachar Al-Assad à son vice-président. La résolution exige également «que le gouvernement syrien mette immédiatement un terme à toutes les attaques et violations des droits de l'Homme» contre sa population civile. Mais Moscou s'oppose à ce texte: «J'ai dit clairement que la Russie ne considérait pas ce projet de texte comme une base d'accord», a déclaré l'ambassadeur russe Vitali Tchourkine. «Cela ne veut pas dire que nous refusons de discuter ». «Nous avons indiqué quelles étaient nos lignes rouges», a-t-il expliqué en citant l'opposition de Moscou à «toute indication de sanctions (..) et à l'imposition d'un quelconque embargo sur les armes» à destination de la Syrie. Il a aussi affirmé qu'il n'était pas question pour la Russie de «préjuger du résultat d'un dialogue politique en Syrie» en réclamant au préalable le départ du président Assad. Des experts doivent se réunir lundi pour préciser les points d'achoppement avent des négociations de fond prévues mercredi. Entre-temps, des responsables de la Ligue arabe, dont son secrétaire général Nabil al-Arabi, doivent exposer mardi les détails du plan arabe au Conseil de sécurité. L'ambassadeur français Gérard Araud a dit «espérer un accord sur une résolution à la fin de la semaine prochaine», tout en rappelant «la paralysie du Conseil de sécurité» sur ce dossier. En octobre, la Russie et la Chine avaient mis leur veto à un précédent texte condamnant la répression sanglante. Cette répression a encore tué 44 civils vendredi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH): 19 à Naoua, dans la province de Deraa (sud), 15 à Homs, trois à Douma et un à Hamourieh (près de Damas), un à Hama et cinq à Alep (nord). Selon l'OSDH, c'est la première fois que des civils sont tués par les forces de sécurité à Alep, deuxième ville du pays, depuis le début de lan révolte en mars 2011. Deux enfants figurent parmi les victimes de vendredi, et selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), au moins 384 enfants, en majorité des garçons, ont été tués depuis mars. En outre, douze membres des forces de sécurité ont été tués vendredi dans deux attentats les visant à Idleb (nord-ouest) et à Mazaïrib, près de Deraa, a annoncé l'OSDH, attribuant l'un des attentats à des déserteurs. Selon l'OSDH, 176 personnes ont été tuées à travers le pays depuis mardi, un total qui confirme la recrudescence des violences évoquée par le général Dabi. Comme chaque vendredi depuis mars, les militants pro-démocratie avaient appelé les Syriens à manifester en masse contre le régime. Selon les comités locaux de coordination (LCC), 588 manifestations ont eu lieu à travers le pays, dont certaines ont été dispersées par des tirs des forces de sécurité. Le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la plupart des courants de l'opposition, a réclamé que le Conseil de sécurité «condamne les crimes du régime et s'engage à juger les criminels». Il a aussi appelé la communauté internationale à «assurer une protection internationale» aux civils.