ALGER - Les observateurs arabes poursuivent leur mission en Syrie avec des visites mercredi à Hama, Idlep et Deraa (sud), où quatre soldats ont été tués et 12 blessés dans une attaque armée, au lendemain de violences qui ont fait au moins 13 morts à Homs (centre), épicentre de la contestation. Déployés depuis lundi dans ce pays dans le cadre d'un plan de sortie de crise de la Ligue arabe, un premier groupe de la mission des 50 observateurs arabes conduite par le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha Al-Dabi, a effectué son premier déplacement mardi à Homs, la province la plus touchée par les troubles que connaît le pays depuis la mi-mars dernier. Les observateurs vont se déployer dès mercredi à Deraa (sud), Idleb et Hama (nord), trois bastions de la contestation, ainsi qu'autour de la capitale Damas, a indiqué M. Al-Dabi. Chargés de suivre de près la situation prévalant dans ce pays, les observateurs arabes ont discuté mardi à Homs avec le gouverneur, Ghassane Abdel Al, des évènements dans cette province du centre du pays. Le chef de la délégation arabe, M. Al-Dabi, s'est félicité mardi de la volonté du gouvernement syrien de coopérer avec les observateurs arabes en vue de parvenir à un règlement pacifique de la crise. Avant l'arrivée de ces observateurs à Homs, l'armée syrienne avait retiré une dizaine de ses chars du quartier Baba Amro de la province, où avaient eu lieu la veille des tirs d'obus et de mitrailleuses lourdes, faisant au moins 13 morts. Cette mission de la Ligue arabe s'inscrit dans le cadre d'un plan de sortie de crise syrienne, prévoyant l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse. Jusqu'à présent, le général Al-Dabi a qualifié de bonne la mission des observateurs à Homs mardi, jour où plus de 70.000 manifestants anti-régime avaient défilé dans un quartier de cette ville contestataire. Le général Al-Dabi a affirmé qu'il était "en route" pour retourner à Homs. "Nous allons à Homs pour gérer des questions administratives avec les révolutionnaires", a expliqué le général, affirmant que la mission de la Ligue arabe "œuvrait en faveur de la stabilité et de la sécurité dans la région". Le général Al-Dabi a fait état de l'arrivée en Syrie de 16 observateurs supplémentaires pour surveiller la situation sur le terrain. "D'autres observateurs vont arriver progressivement, jusqu'à couvrir toute la Syrie", a-t-il précisé. La mission de la Ligue arabe en Syrie est de "surveiller et constater ce qui se passe sur le terrain et non pas de fouiner", a toutefois assuré M. Al-Dabi, ajoutant qu'aucun détail sur le constat actuel "ne sera fourni aux médias qu'après la remise du rapport final à la Ligue arabe". "Nous n'allons transmettre à la Ligue arabe que les détails que nous avions vus par nos propres yeux sur le terrain, et avions entendu durant la mission", a-t-il affirmé, écartant toute "partialité à aucune des parties syriennes". Le même responsable a précisé avoir rencontré avec sa délégation le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem. Ils comptent discuter aussi avec d'autres responsables y compris ceux de l'opposition. La situation en Syrie est au centre des préoccupations de la communauté internationale, certains pays favorisant le dialogue pour un règlement pacifique de la crise, alors que d'autres appellent à une résolution ferme au Conseil de sécurité de l'ONU. Mercredi, la Russie a annoncé être "en relations permanentes avec les dirigeants syriens", et les a appelés à donner "un maximum de liberté" aux observateurs de la Ligue arabe, qui mènent une mission jugée "difficile" du fait de la poursuite des violences dans le pays, attribuées par Damas à "des gangs armés qui cherchent à déstabiliser" le pays. Néanmoins, le gouvernement syrien qui veille à l'application du plan arabe pour résoudre la crise, a annoncé mercredi la libération de 755 détenus arrêtés pour implication dans les violences qui ont marqué les protestations populaires dans le pays, depuis le mois de mars. Malgré cette décision qui s'ajoute à un important processus de réformes engagées par le président Bachar El-Assad, les violences persistent en Syrie, où quatre soldats ont été tués et 12 autres blessés mercredi dans une attaque armée menée à Deraa (sud). "Quatre soldats ont été tués et 12 autres blessées lors d'une embuscade tendue par un groupe armé à un convoi de l'armée et des forces de sécurité sur la route reliant la localité de Khirbat Ghazal à la ville de Daël" à Deraa, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les accrochages sanglants entre l'armée et des groupes armés se sont multipliés ces dernières semaines, notamment à Idleb, Homs (centre) et Deraa (sud).