Dans le but de ne pas être «enterré», le concerné a entamé une grève de la faim totale à partir de sa cellule d'isolation, sise à Serkadji. Un véritable drame humain est en train de se jouer en ce moment. Le docteur Salh-Eddine Sidhoum, défenseur des droits de l'homme, se trouve en prison depuis ce lundi. Il y a entamé une grève de la faim totale, c'est-à-dire sans sucre et sans eau, depuis ce mardi en vue de se faire entendre par les autorités avant qu'il ne soit trop tard. La «première réaction» des autorités pénitentiaires ne s'est guère faite attendre, selon des sources proches du dossier de la défense, constituée par un panel composé d'un important nombre d'avocats de diverses nationalités, tous spécialisés dans la défense des droits de l'homme. Salah-Eddine Sidhoum, apprend-on donc, «est mis dans une cellule isolée, humide, située dans le sous-sol de cette prison d'ancienne facture, avec une lumière crue laissée allumée H24. au lieu du matelas d'usage, cet homme de 55 ans n'a que deux couvertures pour dormir». Une fois la grève de la faim déclenchée, poursuivent nos sources, «les gardiens sont venus lui enlever l'ensemble de ses effets, y compris ses effets de toilette et son pyjama, lui déclarant qu'ils ne les lui rendront pas avant qu'il ne mette fin à cette grève de la faim». Le docteur Salah Eddine Sidhoum, affirment les mêmes sources, a appris incidemment avoir été condamné depuis de nombreuses années, à vingt années de réclusion criminelle. Grand défenseur des droits de l'homme, il a dénoncé les «dépassements commis par certains corps de sécurité», jouant un rôle de premier ordre dans la reconnaissance politique du dossier des disparus. Il reste convaincu que «ce sont les escadrons de la mort et non pas les terroristes islamistes qui sont venus l'assassiner au lendemain de sa tonitruante sortie médiatique sur les ondes de la BBC». Apprenant sa condamnation, donc, il s'est rendu au parquet, demandant «d'être rejugé comme le prévoit la loi», non sans prendre le soin de rendre public un communiqué (passé inaperçu) et constituer un redoutable panel d'avocats de différents pays. Des sources proches de ces derniers interpellent aussi bien M.Ksentini que le premier magistrat du pays afin de réserver un traitement plus humain à cet homme «dont le seul tort est de s'être exprimé librement dans un moment où la parole ne signifiait rien moins que la mort» en attendant que la justice se penche de nouveau, et de manière transparente, sur ce cas. L'association SOS disparus, dans une conférence de presse animée hier, a rendu un vibrant hommage au docteur Salah-Eddine Sidhoum pour ses «courageuses positions en faveur des droits de l'homme » et « les grands services rendus à la cause des familles des victimes des disparus». Le concerné jouit d'une très large mobilisation tant nationale qu'internationale en sa faveur. De nombreuses ONG, mais aussi beaucoup de personnalités politiques de premier plan, ont signé une pétition en sa faveur qu'ils comptent transmettre au président Bouteflika dans les plus brefs délais puisque la vie de Salah-Eddine Sidhoum est bel et bien en danger. Une affaire à suivre...