Ce rebondissement confirme que le congrès dit de rassemblement se fera sans le candidat malheureux du FLN. Réuni hier à l'hôtel Moncada sous la présidence d'Abdelaziz Belkhadem, le bureau national du mouvement de redressement du FLN, qui s'exprime désormais au nom de ce parti, a lancé un défi direct à son principal adversaire, Ali Benflis. Dans un communiqué rendu public à l'issue de cette rencontre, le mouvement, qui s'exprime au nom du «bureau provisoire du FLN», et s'arrogeant les prérogatives d'être «la seule instance à convoquer et à organiser le congrès du rassemblement», en appelle à «tous les militants et cadres de ce parti pour leur signifier de ne répondre à aucun appel à se réunir que lanceraient les directions passées de ce parti afin de tenter de renforcer leur légitimité». L'allusion, très claire, vise le communiqué récemment rendu public par Ali Benflis, censé être toujours secrétaire général du FLN, dans lequel il appelait les membres du comité central issus du 7e congrès à se réunir la semaine prochaine. Cette rencontre, croyait-on savoir, devait avoir lieu ce lundi. Hadjar et Si Afif, tous deux membres de cette direction, souveraine entre deux congrès, n'étaient pas contre cette rencontre à laquelle avait appelé Benflis. Ils avaient même entrepris des contacts en vue de gagner à leur cause la majorité écrasante des membres de ce comité. Il faut donc croire, sans aller jusqu'à l'affirmer en attendant que les choses s'éclairent un peu plus, que le mouvement de redressement ait craint d'être vaincu par Benflis lors de la réunion de ce comité central et, partant, d'être contraint de s'y plier, réitérant ainsi l'erreur commise lors du 8e congrès, puisque beaucoup de personnes avaient commencé par féliciter Benflis avant de revenir par la suite sur leur position initiale. Le mouvement de redressement, qui jubile en sachant qu'il aura le vent en poupe pour très longtemps encore, ne veut rien précipiter, tout en décidant de garder l'ensemble des cartes entre ses mains. C'est ainsi que le communiqué, qui se félicite au passage de la victoire de Bouteflika, qui «est celle des militants nombreux et sincères du FLN», annonce «la mise en place d'une commission de préparation du congrès rassembleur». Les partisans de Benflis, repentants ou pas, de même que ceux de la troisième voie à l'instar d'Abderrezak Bouhara, en sont donc exclus de facto. En revanche, cette commission, dont la composition serait rendue publique dans les prochains jours, et qui serait présidée par Abdelhamid Si Afif, inclut en son sein plusieurs membres du comité central issus du 7e congrès, mais aussi de toutes les assises précédentes. Le choix, qualifié de «judicieux» par les observateurs, vise à ratisser le plus large possible, à couper le peu d'herbe qui reste sous les pieds de Benflis et à permettre la présence au congrès de nombreux historiques et figures de proue du FLN. Même Mouloud Hamrouche aurait été approché, comme nous le révèlent des sources proches du mouvement, qui ne disent rien sur la réponse de ce dernier. Belkhadem, dans son communiqué, sentant sans doute que le temps presse et que les troupes piaffent d'impatience afin de ne pas être devancées par le RND, comme cela avait été le cas lors des dernières sénatoriales, donne l'air de revenir sur sa décision prise de ne tenir le congrès qu'au mois de novembre prochain. Le coordonnateur national du mouvement de redressement du FLN, précise en effet dans son communiqué que «la date du congrès sera incessamment communiquée aux militants et instances du parti». Ainsi, si le mouvement de redressement vient de franchir une nouvelle étape dans sa démarche, la plus importante sans doute, un autre bras de fer, décisif celui-là, vient de s'engager avec Benflis et ce qui lui reste de sa vieille garde.