Le harcèlement contre la presse n'est pas près de s'estomper. En répondant, hier, à une convocation de la brigade économique du commissariat d'Oran, M. Benaoum, sous contrôle judiciaire, a été immédiatement remis en geôle, à peine remis en liberté provisoire. «Cette façon d'agir des services de sécurité traduit amplement la campagne de harcèlement et d'intimidation» que ne cesse de dénoncer dans un communiqué le collectif des journaux Erraï El-Aâm, Journal de l'Ouest et Détective depuis le 17 août, date de la suspension des journaux édités par le groupe Erraï El Aâm. Ce même collectif met les hautes autorités devant leurs responsabilités et les tiennent pour responsables des conséquences qui peuvent découler de cette détention «arbitraire du fait que M.Benaoum a, dans un passé récent, subi un triple pontage coronarien, ce qui l'oblige à suivre un traitement contraignant et un régime alimentaire adapté». Déjà dimanche matin, un médecin a été appelé d'urgence pour prodiguer des soins à M.Benaoum dans sa cellule de détention au vu de la détérioration de son état de santé. Pour rappel, lundi 6 octobre, un dispositif policier avait été installé aux abords du domicile de M.Benaoum et du siège des journaux édités par le groupe de presse Erraï El Aâm. Dans l'après-midi, un policier en civil s'était présenté au domicile du P-DG du groupe pour lui remettre une convocation le sommant de se présenter à la brigade économique. La convocation lui a été remise à 14h40 et il a été sommé de se présenter dans l'heure qui suivait. «Nous nous interrogeons sur les dessous de la nouvelle cabale que tente de fomenter la police devenue aujourd'hui un instrument de répression des libertés au lieu de se consacrer à ses missions constitutionnelles de défense des institutions, des biens et des personnes», s'interroge le collectif dans le communiqué. Ce harcèlement, le collectif le justifie par la justesse de son combat» qui dérange, et c'est pourquoi nous sommes la cible d'un complot visant à faire taire définitivement nos titres, porte-parole des opprimés et des victimes de la hogra» ajoute le communiqué. Pour le collectif, en décidant de mettre M.Benaoum sous la pression policière, «les responsables de la Sûreté d'Oran ne font que confirmer que leur complot vise les journaux édités par le groupe». «En jetant M.Benaoum en prison je suis sûr que les journaux ne reparaîtront pas», a déclaré le chef de Sûreté de wilaya aux journalistes du groupe interpellés jeudi 11 septembre et soumis à un interrogatoire qui avait duré plusieurs heures, affirme le collectif dans son communiqué d'hier. Loin de courber l'échine, le collectif reste déterminé à mener son combat. «Nous continuerons à assumer notre ligne éditoriale et à nous ranger du côté des causes justes et du combat pour une Algérie de justice et des libertés.» Devant cet arbitraire et tant d'acharnement le collectif dans un dernier souffle lance «un pressant appel à toutes les consciences vives de la nation, à toutes les organisations de défense des droits de l'Homme, à toutes les ONG et à la communauté internationale pour leur demander d'agir afin de faire cesser l'arbitraire qui continue de s'abattre sur le personnel du groupe et pour faire pression sur les décideurs afin que soit levée la mesure de suspension arbitraire et inique qui frappe les titres édités par le groupe de presse Erraï El-Aâm».