La Commission nationale de surveillance des élections législatives, portait à l'encontre de l'administration des accusations de manipulation du fichier électoral. La polémique sur les inscriptions collectives et hors délai des militaires sur les listes électorales ne cesse d'enfler en remettant au goût du jour les soupçons de fraude. Pour leur part, les autorités tentent de convaincre de leur bonne volonté en invitant les observateurs internationaux à venir en masse et en accélérant la cadence d'offre d'agréments aux nouveaux partis politiques. Certains disent que cette polémique-diversion, voudrait dissimuler les vrais enjeux du scrutin. Pour la majorité, cette affaire des inscriptions contestées porte un coup sérieux à la transparence du scrutin. En alimentant les suspicions, cette question anime le débat sur la transparence du scrutin du 10 mai prochain. Contacté hier, le président de la Commission nationale de surveillance des élections législatives, Mohamed Seddiki, a affirmé ne pas avoir encore reçu de réponse du département de l'intérieur, saisi sur cette affaire depuis samedi dernier. Des centaines de militaires ont été radiés des listes électorales des législatives du 10 mai sur lesquelles ils avaient été inscrits après expiration du délai légal, le 21 février dernier, selon des sources judiciaires. Dans la commune d'Illizi, au sud-est du pays, indique-t-on, «des centaines de militaires ont vu leurs noms effacés suite à un recours déposé par un candidat et accepté par le tribunal le 7 mars». Selon le jugement, la justice a ordonné l'annulation «des inscriptions acceptées par la commission administrative le 29 février 2012». Dans la willaya de Tindouf, dans le sud-ouest, une affaire similaire a provoqué ces derniers jours une polémique. Pas seulement, puisque l'infiltration des étrangers naturalisés algériens par l'administration, est une autre affaire beaucoup plus sensible soulevée par les habitants de cette wilaya encore marquée par le facteur «tribal» ou le vote par tribus. Ces inscriptions effectuées après le 21 février, amènent notamment la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune à dénoncer «des tentatives de fraude électorale». Tout en confortant l'abstention, ces anomalies apporteront un discrédit total au mandat du député et la crédibilité de la future chambre basse du Parlement dont la mission principale est de débattre des amendements à apporter à la révision de la Loi fondamentale du pays. A cette pratique s'ajoutent d'autres, non moins «déliquescentes» comme la «commercialisation» de positions sur les listes de candidatures par certains partis et l'inexistence de mécanisme de contrôle sur les financements occultes(internes et externes) de la campagne électorale. En tout état de cause, «le discrédit que jetteraient de pareilles anomalies risque d'influer sur les reformes engagées», selon les observateurs de la scène politique. Par ailleurs, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a qualifié les accusations de partis politiques, d'atteinte à «la crédibilité de l'Etat et de l'Armée au premier chef». Ould Kablia, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, de son côté, a expliqué que «compte tenu, notamment, de la mobilité liée à leur présence au niveau des zones sensibles, particulièrement frontalières», leur inscription pouvait s'effectuer, en vertu de dispositions existantes, «sous réserve, bien entendu, de la radiation préalable des intéressés des listes électorales sur lesquelles ils étaient précédemment inscrits». Cela s'est produit alors que les autorités et les partis en lice, affichent leur crainte sur l'abstention généralisée au jour «J». Pour rappel, les autorités ont demandé pour ce scrutin, la présence d'observateurs étrangers, notamment de l'Union européenne, de la Ligue arabe et de l'Union africaine, pour assurer la transparence du scrutin. La Commission nationale de surveillance des élections législatives, portait à l'encontre de l'administration des accusations de manipulation du fichier électoral. «Pourquoi l'administration n'a-t-elle pas respecté la réglementation en vigueur concernant le changement de résidence? Et, surtout, pourquoi le recours à l'inscription en bloc? Cette procédure n'est pas prévue par la loi», s'est interrogé le président de la Cnsel. Selon Mohamed Talbi, directeur général des libertés publiques et des affaires juridiques au ministère de l'Intérieur, les listes électorales seront remises à tous les partis et aux candidats indépendants. «Ils pourront vérifier de visu où sont les anomalies qu'ils dénoncent. Nous pouvons citer nom par nom les gens qui composent le corps électoral. Aux accusateurs de nous dire ceux qui ont été indûment inscrits», a-t-il déclaré sur un ton de défi.