Une ONG marocaine et une section locale du Parti islamiste Justice et Développement (PJD, au pouvoir) ont appelé à l'ouverture d'enquêtes à la suite d'actes de violence ces derniers jours de la part de la police contre des manifestants dans le Rif, une région pauvre du royaume. L'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH, indépendante) réclame «l'ouverture d'une enquête sur les violations des droits humains dans la répression violente de la police contre des mouvements de protestation à Béni Bouayach » (nord), et appelle au «dialogue » pour régler les problèmes sociaux des villageois, dans un communiqué. «L'Etat répond par la seule force aux revendications, depuis plusieurs mois, des habitants marginalisés » de cette région, ajoute l'ONG qui demande la libération des personnes arrêtées, et que soit assuré « le droit de protester ». « Dix personnes ont été arrêtées lundi après l'intervention des forces de l'ordre pour disperser une marche de protestation, partie du centre d'Imzouren à destination de la ville de Béni Bouayach », indique mardi l'agence d'information officielle MAP citant « une source sécuritaire ». Depuis plusieurs jours, des habitants de Béni Bouayach protestent contre leur conditions de vie, dans la région de la montagne du Rif, une des plus pauvres du pays, ce qui a conduit à de violents heurts avec les forces de l'ordre qui ont fait des blessés parmi les manifestants et la police, selon diverses sources. Selon la MAP, «des éléments des forces de l'ordre ont été blessés, dont certains grièvement, dans des actes de vandalisme ayant éclaté dimanche dans la ville d'Imzouren, relevant de la province d'Al Hoceima », une ville à 450 km au nord-est de Rabat. Pour sa part, la section locale du PJD a demandé l'envoi d'une «mission parlementaire pour enquêter sur les incidents de Beni Bouayach, notamment la répression violente contre des citoyens innocents », tout en s'interrogeant sur «les motivations de ceux qui attisent le feu ». Le PJD a également souhaité l'instauration d'une «politique de dialogue » pour régler les problèmes sociaux dans la région. Des incidents violents plus ou moins similaires avaient eu lieu début février dans la ville de Taza, sur fond de malaise social et de chômage. La lutte contre le chômage et les inégalités sociales figurent parmi les priorités du nouveau gouvernement de l'islamiste Abdelillah Benkirane.