Le chef de l'Etat est entré dans une colère noire lorsque lui a été communiqué le verdict de la justice concernant l'affaire du FLN. Douche froide avant-hier pour les «redresseurs» qui ne s'attendaient apparemment pas à ce que le Conseil d'Etat les déboute sur une question cruciale pour le devenir du mouvement qu'ils ont lancé et partant remet sérieusement en question le «plan de bataille» mis en place. Aussi, le principal objectif du mouvement de redressement qui consiste en l'annulation du 8e congrès du FLN s'en trouve impossible à atteindre. Conscient de cet état de fait, l'entourage présidentiel donne des signes d'abattement manifeste, apprend-on de sources bien informées. Ces dernières ont confié à L'Expression que la délégation qui accompagne le chef de l'Etat à Téhéran a été informée de la décision du Conseil d'Etat. Les mêmes sources indiquent que le président de la République est entré dans une colère noire lorsque lui a été communiqué le verdict de la justice concernant l'affaire du FLN. Reçu par un simple ministre à son arrivée en Iran, le chef de l'Etat a, dit-on, lourdement chargé Abdelkader Hadjar pour son double ratage, en tant que militant du FLN et en tant qu'ambassadeur en poste à Téhéran. En effet, le protocole n'a pas été à la hauteur de l'événement à l'occasion du déplacement du chef de l'Etat dans la capitale persane. Ressentie comme un coup de tonnerre, dans le microcosme politique algérois, la décision du Conseil d'Etat a, dit-on, sérieusement ébranlé les «redresseurs» qui voient déjà leurs rangs se dégarnir. En effet, on annonce de sources sûres que nombre de députés et autres élus indécis ont laissé tomber le mouvement drivé par Belkhadem et ont affirmé même que certaines organisations satellites, qui ont affiché leur soutien au chef de l'Etat, vont réviser leurs positions sur la question. En fait, c'est le grand désarroi parmi les «redresseurs» qui cachent mal leur inquiétude dans une interprétation en leur faveur du verdict rendu par la justice. Leur seul espoir, leur dernière cartouche, pourrait-on dire, est la plainte qu'il ont déposée à l'encontre du FLN de Benflis et qui sera jugée le 11 novembre prochain à Alger. Cependant, des observateurs avertis relèvent qu'après la décision du Conseil d'Etat, la plus haute instance judiciaire du pays, le tribunal administratif d'Alger, à qui revient la charge de trancher le dossier du 8e congrès du FLN, ne peut que s'y plier. Ce que craignent justement les hommes du Président. La «défaite judiciaire» de l'entourage de Bouteflika intervient à quelques mois de la prochaine présidentielle et pourrait, pourquoi pas, annoncer une défaite politique. En effet, ayant perdu le FLN, dans une ambiance de désagrégation de la coalition politique qui a permis à Bouteflika de s'installer dans le fauteuil présidentiel, il sera très difficile à Bouteflika d'espérer rééditer l'exploit de 1999 sans le FLN. Le MSP semble vouloir prendre ses distances et le RND ne s'est, à ce jour, pas officiellement positionné par rapport à la présidentielle. Face à ces ratages à répétition, on est amené à penser que le chef de l'Etat a réussi à faire réellement le vide autour lui, au plan partisan tout au moins. Aussi, est-il obligé d'imaginer une nouvelle forme de soutien politique, à même de donner un minimum de base à son discours électoral. A ce propos, beaucoup d'observateurs se demandent quelle sera la nature de la riposte du cercle présidentiel, actuellement acculé dans ses derniers retranchements. Les arguments judiciaires ayant été rejetés, il reste à Belkhadem et consorts à contre-attaquer sur le terrain politique. Or, force est de constater que sur ce plan, ils ont beaucoup de retard sur leurs adversaires du moment. Aussi, toute l'attention du microcosme politique algérois est présentement tournée vers les «redresseurs». Que feront-ils, se demandent-on. Par ailleurs, cette défaite intervient le lendemain de la sortie du très médiatisé livre du général à la retraite Khaled Nezzar. Un événement médiatico-politique qui n'est pas pour arranger les affaires du chef de l'Etat dans sa quête de soutiens politiques.