L'adhésion à cette organisation ne signifie pas le démantèlement total des tarifs douaniers. «Etre membre de l'OMC veut dire rejoindre la communauté économique internationale.» C'est ainsi que le ministre du Commerce, M.Nordine Boukrouh, a défendu le dossier de l'adhésion de l'Algérie à l'OMC hier au cours d'une conférence-débat au palais des Expositions (Pins-Maritimes, Alger), organisée en marge de la 15e foire de la production nationale et à laquelle ont assisté des représentants des missions diplomatiques étrangères accréditées à Alger et des opérateurs économiques nationaux. Une rencontre qui aura permis de faire le point de l'avancement du processus d'accession à l'OMC et sur la participation algérienne à la 5e conférence ministérielle de l'organisation qui s'est tenue à Cancun (Mexique) en septembre dernier. D'emblée, M.Nordine Boukrouh a tenu à clarifier les choses en déclarant: «Contrairement aux accords de libre-échange avec l'UE, l'accord avec l'OMC ne prévoit pas le démantèlement des tarifs douaniers, mais conçoit, par contre, des dispositions permettant la protection de certains produits et le traitement spécifique différencié pour les pays en développement. La protection tarifaire restera de vigueur dans le cadre des accords avec l'OMC.» Ce ne sont que les 65% des échanges avec l'UE qui seront concernés par la levée de la protection tarifaire. C'est dans ce sens que l'Algérie va tenter, au cours de ces négociations, de prévaloir ces dispositions afin d'adhérer à cette institution internationale avec le taux le plus élevé possible de protection, a encore précisé le conférencier. D'ailleurs, des négociations sur la conclusion d'un pacte de partenariat avec l'Association européenne de libre-échange (Aele), qui comprend 4 pays, se tiendront dans quelques jours à Alger. Auxquelles viendront s'ajouter l'adhésion à la zone de libre-échange arabe dans 5 ans et la création d'un espace de libre-échange avec les membres de l'UMA et de l'euroméditerranéen. Par ailleurs, le ministre a tenu à préciser que «le processus d'adhésion est en bonne voie d'autant que c'est une phase vitale pour l'économie nationale». D'ailleurs, le ministre de la privatisation a saisi cette occasion pour déclarer que le 4e cycle des négociations bilatérales pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC débute aujourd'hui à Genève ( Suisse). La délégation algérienne qui comprend, entre autres, des représentants des ministères de l'Agriculture et du Commerce devra tenir des négociations durant une semaine avec les représentants de 10 pays membres de l'OMC. Il s'agit notamment de l'Australie, de Cuba, de l'Inde, de la Nouvelle-Zélande, du Paraguay, du Panama, de la Suisse, de l'Uruguay et de l'Union européenne. Selon le ministre, «ces négociations porteront sur le niveau de baisse des tarifs douaniers et les conditions d'accès aux marchés des biens et services». Tout en étant pragmatique, le ministre n'en demeure pas moins optimiste: «Nous espérons arriver aux termes des négociations de ce round à des arrangements», a-t-il déclaré tout en rappelant que l'arsenal juridique et réglementaire national est en conformité avec les règles de l'OMC. Pour ce qui est des négociations multilatérales qui sont à leur 6e round, «elles se tiendront au mois de décembre prochain», a révélé le ministre qui a souligné que «normalement l'adhésion de l'Algérie à l'OMC se concrétisera durant l'année 2004». Questionné sur les répercussions de l'adhésion à l'OMC sur les tarifs des produits énergétiques, le ministre a admis qu'à long terme, les prix de l'essence, de l'électricité et du gaz seront amenés être alignés sur ceux pratiqués par les pays développés. Mais cette éventualité ne risque pas de se produire de sitôt du fait que l'Algérie a dix années devant elle pour se mettre au diapason des exigences des pays membres de l'OMC et non-producteurs de pétrole. C'est pour cette raison que le ministre a exhorté les opérateurs économiques à redoubler d'ardeur pour donner un nouvel élan aux exportations hors hydrocarbures qui sont estimées à 700 millions de dollars pour l'année 2002. En outre, le ministre a reconnu également que l'adhésion de l'Algérie à l'OMC entraînerait la mort de plusieurs entreprises déficitaires. Mais en contrepartie, elle permettra l'émergence de plusieurs entreprises dans le cadre du partenariat. C'est dans ce contexte que le ministre a rappelé les nouveaux instruments prévus par l'ordonnance portant sur le commerce extérieur, adoptée récemment par le parlement. Cette ordonnance prévoit la création d'une Agence nationale de promotion d'exportation en remplacement de l'Office algérien de promotion des exportations (Promex) et d'un Conseil national d'exportation qui sera mis en place prochainement.