Halte au gangstérisme politique et oeuvrons pour la reconstruction des espaces politique et social, permettant de concrétiser l'idéal démocratique. L'Algérie traverse une situation socio-politique, des plus confuses. Toutes structures sociales, constructives et vitales, subissent un démantèlement politique des plus répressifs. La voix de la délinquance politique a pris le dessus sur la pratique politique proprement dite. Les citoyens pataugent dans un perpétuel recommencement de tentatives de remobilisation politique, aux allures d'une sortie de crise. Ce sont là, en effet, autant de constats établis par certains observateurs de la scène politique nationale. Ce faisant, ils jugent ainsi que même le rendez-vous du 10 mai n'est qu'accessoirement une élection législative. Il n'est qu'une étape permettant de jeter les jalons institutionnels et constitutionnels pour la prochaine élection présidentielle, qui s'apparente à une procédure d'approbation d'un choix préétabli, résultant d'un arbitrage des luttes claniques. Le prochain scrutin législatif en est un exemple renforçant cette thèse. Sur ce, l'ex-directeur de campagne électorale de Hocine Aït Ahmed durant l'élection présidentielle de 1999, Djamel Zenati, a soutenu, dans une déclaration à L'Expression, que les mouvements de redressement à répétition que traverse le Front de libération nationale (FLN) renseignent amplement sur les luttes intenses qui se déroulent au sein du sérail. «Les luttes claniques et d'intérêts survenues et en cours au sein du FLN traduisent à l'évidence celles qui se déroulent dans l'ombre à l'intérieur de la citadelle du régime», a-t-il fait savoir avant d'ajouter, catégorique: «Le gangstérisme politique vient d'être élevé à la respectabilité constitutionnelle et servir d'exemple aux charlatans politiques de tout bord». Dans le même sillage, il a également précisé que l'embrigadement politique érigé en mode de gestion par le régime a empêché la société d'extérioriser les expériences vécues, depuis les événements d'Octobre 1988, afin de développer une culture politique, susceptible de servir de rempart à l'encadrement politique de la population, assuré et maintenu par la puissance de l'argent sale, de la violence et de la manipulation des foules, mais aussi par la voie des jeux d'interventions auprès du prince. Et pour étayer ces dires, le militant de la démocratie, paraphrase son aîné, Hocine Aït Ahmed, en jugeant que «La position du pouvoir s'incarne dans le maintien délibéré, injustifié, voire provocateur d'un statu quo politique intenable. Ce statu quo est le verrou qui empêche le décollage économique du pays et obère tout espoir de développement». D'où, il a expliqué que la prochaine élection législative n'a pas la fonction qui est la sienne en situation démocratique. «Avec un degré zéro d'incertitude, elle s'apparente à une procédure d'approbation d'un choix préétabli. Elle prend parfois les allures d'un arbitrage des luttes claniques», a-t-il écrit dans sa contribution au quotidien El-Watan dans sa livraison du mardi dernier. Dans le même sillage, Saïd Khellil, un ancien cadre du FFS, joint par nos soins, a fait remarquer, pour sa part, l'intransigeance des décideurs, leur rejet de tout changement pacifique négocié dans le cadre d'un contrat politique national empêchera bien entendu une éventuelle remobilisation politique et du peuple. Abordant l'agrément d'une foule de partis politiques à la veille des élections législatives, bien que ces derniers ne portent aucune vision politique et n'incarnent aucun programme sérieux de sortie de crise, cela relève, explique-t-il, fort malheureusement, de la ruse politique mettant en scène «une fausse ouverture politique», rappelant celle des années 1990, ayant conduit à la naissance d'une centaine de formations politiques. Pour ce qui est de la prochaine joute électorale, il a indiqué que cette dernière est loin d'être un simple renouvellement de l'Assemblée nationale. Néanmoins, elle révèle de toute évidence, dit-il, de la volonté du régime de maintenir le statu quo pour mieux se réorganiser et assurer sa survie. Et pour construire l'alternative démocratique, l'ex-cadre du FFS donne comme solution «la capacité des citoyens et des forces vives du pays à résister tant à la compromission qu'au recours extrême». Selon lui, cette démarche demeure la seule et unique voie conduisant à asseoir un changement pacifique et radical, avant de conclure qu'il est plus qu'impératif que l'on se libère de l'instantanéité, pour se projeter dans la durée à travers un large mouvement de reconstruction des espaces politique et social permettant de concrétiser l'idéal démocratique des Algériens.