Le FFS a confirmé sa participation aux législatives. Les raisons en avaient été données dès le conseil national de juillet 2011. “Les décideurs ne souhaitent pas se retrouver seuls devant le “tsunami” social menaçant.” “(…) Le pouvoir a besoin de nouvelles bases pour la stabilité du système”, le FFS réaffirme “sa disponibilité à un dialogue politique pluriel, ouvert et créatif”. Depuis, Aït Ahmed a pris le temps, écrit-il dans sa lettre au CN du 2 mars, de “prendre la température au sein du parti” et de la conformer à son “opinion”, “faite depuis longtemps”. “La violence a échoué à libérer l'Algérie de la dictature, du sous-développement et des menaces extérieures et doit laisser place à la lutte politique au sens le plus sérieux du terme”, explique-t-il. Tout mouvement non maîtrisé par l'establishment politique serait une “violence”. Au traumatisme des causes post-mouvement national vient s'ajouter le traumatisme du Printemps arabe : qu'est-ce que ces mouvements où les politiques sont contraints à courir derrière la foule, alors que les foules ont toujours marché derrière le leader ? Il est donc urgent de renouer la forme de “lutte politique au sens le plus sérieux du terme” en soutenant les élections même si, comme il le précise dans sa lettre à la Convention du 17 février, elles “n'ont aucune chance d'être des élections ouvertes”. En volant au secours du régime, le FFS vole au secours de la politique, au sens “sérieux” du terme, celle qui fait de lui un leader politique à distance. “Demander aux Algériens d'aller voter pour sauver le pays des périls sans rien changer de sa démarche est une des inconséquences habituelles de ce pouvoir”, observe-t-il. Mais l'aversion que lui inspire toute rupture avec la pratique traditionnelle de la politique l'oblige à “la remobilisation politique et pacifique de notre parti et de notre peuple” pour aider à réanimer le système ou, comme il dit, “remettre du mouvement dans le statu quo”. Dans la structure même de son message, qui tient lieu de décision du conseil national, apparaît “l'inconséquence” de sa démarche : après les premiers alinéas qui formulent la décision, il n'est question que de “je”, il passe au “nous” de convenance ; puis, une fois “sa” décision établie comme décision organique, il rassure les mécontents en proclamant ses divergences de fond avec le régime quant aux conceptions respectives de la “démocratie”, de la “participation”, du “contrat” et de la “réconciliation”. Et s'il restait un doute sur son opposition au régime, il promet que “notre cheminement va continuer à diverger avec celui du pouvoir”. Enfin, il prend ses dispositions contre la critique externe en “excluant” d'avance “que quiconque nous donne des leçons en politique, en démocratie, en militantisme, en patriotisme”. Et même en… “takbaylit”, prévoyant d'être contrarié, là où sa participation sera la plus… utile. Aux accusations du RCD, des autonomistes ou des archs, il oppose, faute d'argument politique, son parcours “qu'ils n'ont pas”. Il y a dans cette “défense avancée” une forme d'aveu. Car s'opposer, aujourd'hui, c'est soutenir l'ultime forme d'expression, pacifique, de la résistance populaire : l'abstention. Malgré ses interventions récurrentes pour “réanimer le statu quo”, Aït Ahmed a toujours su cacher son jeu. Cette fois-ci, il a visiblement du mal à s'en cacher. M. H. [email protected]