Toute la stratégie des radicaux de l'organisation reposait sur le concours de Abderezak El Para. C'est Amari Saïfi, le «Abderezak El Para» du Gspc, qui a fait échouer le plan d'intronisation de Nabil Sahraoui, dit «Abou Ibrahim Mustapha», à la tête du Gspc. En restant coincé au Mali, dans une des caches offertes par les autochtones du nord-est de Kidal, Amari Saïfi a privé les chefs dissidents du principal appui qui devait leur permettre de donner de la crédibilité à leur scission d'avec Hassan Hattab. Selon une source militaire crédible «Abderezak El Para en a encore pour très longtemps au Mali». Le maillage sécuritaire est d'un tel hermétisme aux frontières et autour de Kidal que «le retour de celui-ci au maquis du Nord algérien relève de l'invraisemblable», suggère notre source. «Abderezak El Para», principal allié de Nabil Sahraoui, a joué gros en retenant en otages trente-deux touristes européens dans le Sud algérien, puis au Mali, pendant plus de cinq mois. Résultats : s'il a réussi l'incroyable pari des sortir indemne du guêpier d'Amguid, puis de Kidal, où les troupes de l'armée avaient pris position, il n'en reste pas moins que son coup semble avoir «foiré» quelque part, car l'événement a fait un tel bruit dans les médias internationaux et un tel remue-ménage dans le corps de la diplomatie européenne concernée, principalement allemande et helvétique, que les services de sécurité s'y sont intéressés de près. La concentration de centaines de militaires dans la région, avec l'appui d'une «télésurveillance globale», rend utopique toute tentative de la part de Amari Saïfi de réintégrer le territoire algérien. Ces millions d'euros dans la poche- synonyme d'une rançon que les autorités allemandes persistent à avoir versée aux preneurs d'otages- peuvent lui permettre d'acheter des armes, des complicités, des caches, d'affermir son autorité sur les «connexions locales», ces turbulentes tribus nigériennes et ces insaisissables réseaux de soutien du Sahel, mais ne lui permettent pas, du moins pour le moment, d'être de quelque utilité pour Nabil Sahraoui. Celui-ci, enfant de l'Est, est un des premiers lieutenants à avoir prêté allégeance à Hattab, en 1998, lors de la constitution du Gspc dans les maquis kabyles, a été déjà destitué par Hattab au profit de Amari Saïfi. Mais il semble que les rapports de force aient changé, tout comme les centres d'intérêt, et qu'il y ait aujourd'hui plusieurs sous-groupes du Gspc plus ou moins autonomes, ce qui explique certainement le «cavalier seul» fait par Abderezak El Para. Toutefois, la commission juridique (el-haïâ ech-charîya) et la commission militaire (el-haïâ el-askariya), les deux instances suprêmes du Gspc, restent sous l'autorité entière de Hassan Hattab, synonyme que celui-ci, malgré quelques défections, reste le seul chef de l'organisation la plus hégémonique des GIA actuels.