la jeunesse algérienne n'occupe le devant de la scène que le temps d'un scrutin. A quelques mois du début de la campagne électorale de la présidentielle d'avril 2004, le président de la République s'est rappelé que la population algérienne est composée de plus de 70% de moins de 30 ans. Lors de son discours inaugural des assises nationales sur le dispositif de l'emploi de jeunes tenues mercredi au palais des nations (Club des Pins, Alger), le président de la République a promis de mettre à la disposition des jeunes chaque année 100 locaux dans chaque commune. Quand on sait qu'il y a plus de 1500 communes en Algérie, un calcul arithmétique des plus simples nous donne 150.000 locaux commerciaux. Et lorsqu'on sait qu'il faut au moins trois personnes pour pouvoir créer une entreprise de jeunes, un autre petit calcul nous donne 450.000 emplois garantis chaque année. On ne peut que se réjouir d'une telle mesure conjuguée à un taux de croissance national dépassant les 6 % pour résorber le chômage en Algérie. Si un tel défi est relevé dans les temps impartis, nous dirons: «Vive le président!». Mais dans la pratique, les choses ne semblent malheureusement pas aussi simples. Après les zaouïas auxquelles il ne cesse de rendre visite à chaque sortie sur le terrain et l'armée sur laquelle il ne tarit pas d'éloges, voilà que le président-candidat lorgne du côté des jeunes «désabusés» mais considérés, le temps d'un scrutin, comme un potentiel d'électeurs inestimable. Est-ce à dire que le président-candidat a d'ores et déjà acquis des assurances pour un second mandat bien avant d'avoir officiellement annoncé sa candidature pour promettre sur le long terme? C'est ce qui se laisse comprendre en filigrane de son discours. Désabusée et délaissée, la jeunesse algérienne ne revient au premier plan que le temps d'un scrutin. Déjà avant la présidentielle de 1999, un décret présidentiel avait permis à des centaines de jeunes d'être dispensés du service national. Un décret dont le président sortant, Liamine Zeroual, aurait fait cadeau à son successeur du fait que cette mesure intervenait dans le cadre des accords imposés par le FMI pour professionnaliser l'armée nationale. Nantis de ce document qui leur ouvrait les portes du monde du travail, les jeunes avaient voté massivement en faveur du seul candidat en lice après le retrait des six autres postulants. Pourtant, depuis son élection en 1999, le chef de l'Etat avait lancé plusieurs chantiers en direction des jeunes dans le cadre du plan de soutien à la relance économique doté d'une enveloppe de 475 milliards de dinars sans que cela résorbe le chômage. Aujourd'hui et avec l'approche de cette échéance, les mêmes pratiques semblent renaître à des fins purement électoralistes. Quoique dans son discours le président-candidat ait voulu dissiper tout amalgame en déclarant que ces mesures n'entrent pas dans une quelconque campagne électorale. «Comme vous le pensez bien, il ne s'agit pas là de populisme, et le peuple algérien saura bien prendre conscience que ces mesures n'ont rien de conjoncturel», a-t-il déclaré. Paroles, paroles et paroles.