le général-major Mohamed Lamari, chef d'état-major de l'ANP, n'avait pas esquivé cette question. Une nouvelle polémique va-t-elle opposer le ministre de l'Intérieur et des Collectivités à la hiérarchie militaire? C'est ce que pourrait laisser supposer cet article paru dans les colonnes d'El Khabar d'avant-hier à propos du vote de l'armée dans les casernes. Pour rappel, le parti El Islah avait déposé un avant-projet de loi demandant à ce que les urnes soient retirées des casernes. Cet avant-projet a été endossé par le ministre de l'Intérieur qui l'a soumis pour étude à la commission juridique de l'APN, laquelle a souhaité avoir l'avis du ministère de la Défense nationale vis-à-vis de cette question en apparence épineuse, mais que la hiérarchie militaire voudrait dépassionner voire banaliser. En tout cas, les membres de la commission juridique de l'APN ont demandé à M.Zerhouni de consulter d'abord la hiérarchie militaire avant d'aller plus loin dans l'étude de ce dossier. Pour en avoir le coeur net, le journaliste d'El Khabar a eu l'idée de prendre contact avec le responsable de la cellule presse et information au niveau du ministère de la Défense nationale, dont la réponse a été sans ambages: l'armée a elle-même et à maintes reprises par le passé demandé à ce qu'on révise la loi qui fait obligation aux corps constitués, dont l'armée, de voter dans leurs lieux de travail. Par conséquent, l'organisation des scrutins dans les casernes est une disposition de la loi électorale elle-même, et toute disposition contraire serait une violation de la loi. Dans l'entretien qu'il avait accordé au journal égyptien El Ahram, le général major Mohamed Lamari, chef d'état-major de l'ANP, n'avait pas esquivé cette question et a eu une réponse qui va en droite ligne de ses précédents propos, et qui insiste sur la volonté de l'institution militaire de ne pas s'impliquer dans les luttes politiciennes: «Nous avons demandé (cette suppression des urnes dans les casernes), mais nous sommes tenus de respecter la loi.» En d'autres termes, la hiérarchie militaire reste fidèle à elle-même et renvoie la balle dans le camp du pouvoir civil. Dans une autre occasion, le général Lamari avait déclaré que cette suppression ne contrarie nullement l'armée. En fait, tout se passe comme si l'insistance de M.Nourredine Yazid Zerhouni autour de cette question trahissait son malaise dès qu'il est question de l'armée et des autres services de sécurité, alors qu'il est lui-même chargé d'appliquer la loi sur l'état de siège, et ne visait pas tout bonnement à sortir l'armée de sa neutralité et à lui faire choisir un camp. Ou peut-être à la faire sortir de ses gonds. Mais il en faut certainement beaucoup plus pour arriver à un tel résultat, et ce ne sont pas les déclarations contradictoires d'un ministre apparemment mal informé qui fera changer le cours des choses. Par exemple, à propos de l'état de siège, le général Lamari avait affirmé que l'armée n'était pas contre sa levée, et qu'une décision allant dans ce sens relevait du pouvoir législatif. On a donc l'impression que l'Algérie est gouvernée par un pouvoir civil qui a peur d'assumer ses responsabilités et qui fait dans la fuite en avant en se cachant derrière l'armée, tout en essayant de faire porter le chapeau à cette dernière en lui faisant endosser ses échecs. Les clarifications données par l'armée visent à lever ces équivoques. Comme sur beaucoup d'autres sujets, M.Zerhouni prouve qu'il est mal informé : il avait entre autres, déclaré que les otages n'étaient pas passés au Mali avec leurs ravisseurs, démentant une information donnée par M.Dorbani, ancien ministre du Tourisme, devant les parlementaires, mais tout le monde connaît la suite de l'histoire.