Nombre de formations politiques ont mis un bémol à leurs discours d'avant avril. La démission-surprise du chef des corps d'armée, M.Mohamed Lamari, n'a pas suscité l'intérêt de la quasi-totalité des formations politiques. En dépit du poids indéniable du démissionnaire que d'aucuns donnaient comme l'homme fort de l'Etat vu le rôle de l'ANP dans le maintien de l'équilibre de la République, on s'évertue à réduire sa décision à sa plus simple signification: c'est-à-dire la dénuer de toute connotation allant dans le sens d'un prétendu conflit entre l'institution militaire et la présidence de la République pouvant la motiver. «Il n'y a aucune lecture à faire!», nous a déclaré M.Abada, l'un des animateurs du parti du FLN, s'étonnant qu'il y ait «excentricité» dans un geste consacré par les lois de la République. Pour lui, Lamari ou tout autre cadre de l'Etat, «est libre de faire des choix personnels qui rentrent dans le cadre du fonctionnement de nos institutions». Et si le FLN a ajusté solennellement sa réaction à cette réflexion exsangue d'interprétations politiques prêtant à polémique, d'autres partis ont esquivé «habilement» le sujet. C'est le cas d'El Islah, du RND, du RCD et du PT. Ils n'ont point voulu faire de déclarations, laissant entendre que ce n'est pas là la priorité de leur agenda. Ce qui n'était pas le cas avant le 8 avril puisque tout le monde était attentif à la moindre communication des Tagarins. Les sorties médiatiques de Lamari étaient décrites, à tort ou à raison, comme des «mises en garde pour assurer la régularité du scrutin présidentiel». Maintenant que Bouteflika est réélu pour un deuxième quinquennat sans que les militaires y contestent la régularité ni émettent le moindre signe traduisant un quelconque malaise, le ton est à «l'adoucissement» et à la «sagesse». Ne pas se prononcer sur la démission d'un puissant militaire dont on dit constamment qu'il est en antagonisme avec le président de la République, c'est reconnaître tout naturellement que les choses se sont passées comme le veut la hiérarchie de l'Etat sans bavure: l'un a présenté sa démission pour des «raisons de santé», l'autre l'a acceptée en tant que premier magistrat du pays et ministre de la Défense. Cependant, le MDS fait résonner un autre son de cloche. Dans un communiqué adressé, hier, à notre rédaction, le parti d'El Hachemi Cherif a cloué au pilori le chef de l'Etat, M.Bouteflika, lui imputant l'entière responsabilité du départ de Lamari. «Le feuilleton autour de la démission du chef d'état-major, qui vient d'aboutir avec un communiqué de la présidence, renseigne, plus que tout autre, sur les positions acquises par Bouteflika qui elles-mêmes expriment la dégradation du rapport de force général et l'affaissement du poids moral d'une ANP entraînée dans des initiatives politiques inconséquentes», peut-on lire dans le document. Il faut relever, au passage, que le MDS est la première entité politique à avoir réagi à la démission de Mohamed Lamari. L'avis du MSP à ce propos, est attendu pour aujourd'hui où son président animera un point de presse pour «évaluer les développements de la scène politique nationale et internationale». En revanche, les tentatives de nous rapprocher du FFS pour avoir son point de vue sont restées vaines..