Tradition oblige, le Ramadan suscite comme chaque année la convoitise des commerçants. Durant ce mois, c'est la loi du plus fort qui règne. Et il faut dire que pendant trente jours ce sont les marchands de légumes et fruits ainsi que ceux de la viande qui sont les plus forts. L'on peut dans ce cas-là aisément deviner les conséquences, face un laisser-aller pour le moins étonnant des autorités concernées. «Nous avons pris toutes les dispositions nécessaires afin de contrôler les prix durant le mois de Ramadan», nous déclare un responsable au niveau de la Direction du contrôle des prix (DCP), qui ajoute que «ses services seront très sévères avec les tentatives de fraude». Mais la réalité est tout autre, elle est celle de l'année précédente et celle d'avant. Il faut dire que pour cette année, les commerçants n'ont pas attendu l'arrivée de ce mois pour réviser à la hausse leurs prix. Appréhendant la campagne de ravitaillement à laquelle se livrent les familles algériennes à l'approche de ce mois, les marchands ont augmenté les prix un mois à l'avance. «C'est le cadeau du Ramadan», précise une dame. «Les prix ont doublé, mais ce n'est guère une surprise pour moi, le contraire m'aurait étonné», clame une autre. Les commerçants ont fini par imposer une règle à la veille du Ramadan, les citoyens ont fini par accepter cette règle sans trop de choix. «Nous ne pouvons boycotter les marchés, les commerçants le savent parfaitement.» 35 DA le kilo d'oignon, 60 DA la courgette, la pomme de terre est cédée à 40 DA, la tomate à 60 DA et la carotte à 50 DA. Interrogés sur les raisons de cette flambée des prix, les commerçants dégagent leur responsabilité: «Ce sont les marchés de gros qui ont augmenté les tarifs» : l'éternel prétexte. Il faut dire que les années passent sans que les commerçants se donnent la peine de trouver d'autres arguments. Pour leur part les marchands de gros imputent cette hausse aux agriculteurs. L'un d'entre eux rencontré dans un salon sur le développement rural, nous a clairement signifié que seul l'Etat est responsable de cette situation. «Cette année nous avions eu une très bonne récolte de tomates et de pommes de terre, mais nous avons un sérieux problème de stockage qui fait qu'une grande partie de la récolte se périme avant même sa commercialisation, c'est une grande perte pour les agriculteurs.» Cet agriculteur de la wilaya de Tipaza nous a même annoncé que les prix des fruits et légumes seront augmentés. Dans le marché de la viande, où ce produit devient avec les années qui passent un luxe dont beaucoup d'Algériens ont oublié le goût, la situation n'est pas meilleure. 800 DA le kilo de viande bovine, 250 DA pour le poulet, le kilo de dinde est cédé à 360 DA. Ramadan Moubarak quand même !