Nos diabétiques seront bientôt à l'abri des ruptures de stocks. Le défi lancé par le groupe pharmaceutique algérien Saidal de monter sa propre unité de production d'insuline à Constantine est quasiment relevé. Après avoir bouclé les différentes phases du projet (étude, réalisation, financement), aujourd'hui aura lieu en présence du ministre de la Santé la signature de l'accord entre le P-DG de Saidal et le P-DG du groupe Aventis pour la fourniture des matières premières. Ce fournisseur européen a été choisi, après consultation, parmi les leaders mondiaux disposant de ces matières premières sous forme de cristaux. L'accord prévoit, outre l'approvisionnement, l'assistance technique, la formation et l'accompagnement dans la mise en production. La mise sur le marché de l'insuline algérienne est prévue avant le mois de mai 2004. La décision de Saidal de se lancer seul dans le projet a été prise il y a une année et demie après que celui qui était prévu en partenariat avec Novo Nordisk et Fabre eut lamentablement échoué. L'échec est à attribuer aux manoeuvres des partenaires étrangers qui avaient pour but de prolonger, autant que faire se peut, leur activité purement commerciale par la poursuite de l'importation du produit. D'ailleurs, juste après le lancement du projet piloté par Saidal et l'assurance d'une prochaine disponibilité d'insuline sur le marché, les partenaires défaits ont mis toutes leurs forces pour détourner le débat vers la forme au détriment du fond. Au moment où 2 millions et demi de diabétiques algériens voient s'éloigner le spectre de la pénurie d'insuline, certaines parties veulent focaliser sur la manière d'injecter cette insuline. Une promotion effrénée de la formule «cartouche» ou «stylo», considérée de par le monde comme un produit de confort loin d'être vital, est menée dans notre pays dans le but évident de maintenir une part du marché à l'importation. Manière de réduire l'importance de la prochaine disponibilité de ce produit stratégique malgré le prix de cette «seringue miracle» qui est dix fois supérieur à la méthode classique. La production annuelle d'insuline humaine (d'action rapide, intermédiaire bi-phasique et intermédiaire NPH) prévue par Saidal est de 3 millions d'unités vente. La même unité produira d'autres produits injectables comme la bétamétazone à raison de 4 millions d'unités vente pour une plus grande rentabilité des équipements, mais seulement en cas de non-augmentation du volume annuel de production d'insuline. Le coût de l'investissement est de l'ordre de 6 millions d'euros, soit 500 millions de dinars. Le financement a été tout récemment bouclé avec le Crédit populaire d'Algérie (CPA). En signant donc aujourd'hui l'accord de fourniture des matières premières, Saidal, par la voix de son P-DG, M. Ali Aoun, qui a toujours déclaré «ne pas admettre que l'insuline, produit stratégique dans le schéma thérapeutique national, dépende de laboratoires étrangers», démontre que l'initiative algérienne est une réalité. Au grand soulagement de tous ces millions de malades chroniques.