Une course contre la montre est engagée par le président de la République pour rattraper le temps perdu à quelques mois des élections. Et il multiplie les initiatives et les mesures populaires, voire populistes, en vue d'arracher un deuxième ticket. Certes, le propre de tout homme politique est d'arriver ou de se maintenir au pouvoir, et c'est de bonne guerre pourrait-on dire, mais pour un président en poste, c'est son bilan qui doit plaider pour lui. Mais ce n'est pas le cas, et tout un chacun est en droit de demander aujourd'hui ce qu'il en est de ce bilan. Toutes les réformes annoncées sont restées lettre morte. De tout côté on entend dire : «Mais où était-il donc pendant quatre ans? On ne l'a pas beaucoup vu sur le terrain, sauf à travers ses interventions fleuves sur le petit écran. On voulait un président qui communique et qui parle à ce peuple délaissé comme un père de famille et qui comprend les problèmes quotidiens des pauvres gens, mais on a eu un parleur prolifique qui ne s'adresse à l'opinion publique de son pays qu'à travers les interviews accordées aux chaînes étrangères.» D'autres vont jusqu'à dire: «On n'a pas eu un président de la République, mais un pigeon voyageur qui ne voit son pays qu'entre deux avions.» Alger n'a été qu'une simple escale dans les itinéraires du président. De villégiature en villégiature, de capitale en capitale, de Paris à Rome et d'Abidjan à New York, il a eu le temps de faire plusieurs fois le tour du monde, sans qu'on voit très bien quelles sont les retombées de toutes ces tournées à travers la planète sur le quotidien des Algériennes et des Algériens. Depuis quelques mois cependant, on le voit faire des largesses en semant à tout vent. En véritable marathonien, il avale des kilomètres et multiplie les virées à travers les wilayas, distribuant des enveloppes et faisant des promesses en veux-tu en voilà. Tout cela est-il raisonnable? Ensuite le président change de Chef de gouvernement sans raison. Mais enfin c'est son droit constitutionnels. Toujours est-il que battant le fer quand il est chaud, le président décide de relever le Smig de 2000 DA. Un autre cadeau dans l'escarcelle des électeurs, pourrait-on dire, sans que le pouvoir d'achat des ménages ne soit réellement rehaussé. Et c'est sans doute là que le bât blesse: ces mesures sont arrivées en retard par rapport aux besoins réels de la société. Pendant quatre ans, un mur d'incompréhension a été édifié entre le pouvoir et les citoyens, qui voient tous les jours leurs droits bafoués et foulés aux pieds, et puis soudain, se réveillant d'un long sommeil, le prince qui les gouverne se rappelle à leur bon souvenir. Tout comme ces mesures populistes prises, semble-t-il en faveur des jeunes, dans le cadre de la micro entreprise et de l'Ansej. Des banques auraient été instruites pour dépoussiérer leurs procédures bureaucratiques et les wilayas sommées de donner des locaux. A la bonne heure! Que demande le peuple? A l'épreuve des faits pourtant, il s'avérera que c'est une goutte d'eau dans l'océan, au regard des fournées de chômeurs qui arrivent chaque année sur le marché du travail. Cette commission chargée d'amender le code de la famille est un véritable exemple de ce qu'on peut appeler la mauvaise gouvernance. Le roi du Maroc a plus de courage politique. Il n'a pas reculé devant les islamistes qui veulent cantonner la femme dans un rôle d'infériorité et dans un statut subalterne. Alors que le code de la famille voté en 1984, fait de la femme algérienne une mineure à vie. On le voit d'ici: comme les autres réformes mortes-née, cette révision du code de la famille restera un chantier ouvert. L'équipe au pouvoir se caractérise par son indécision, ses volte-faces et ses tergiversations. Les calculs électoralistes n'y pourront rien. Non seulement parce que 1999 est différente de 2004, mais aussi parce que les concurrents de Bouteflika exigeront des garanties en béton avant de s'aligner sur une course électorale verrouillée par le président en exercice.