Deux policiers ont été condamnés chacun à vingt de prison ferme par la justice militaire pour l'assassinat d'un jeune manifestant le 14 janvier 2011 au dernier jour du soulèvement populaire qui a chassé l'ex-président Ben Ali du pouvoir en Tunisie. Ce verdict, annoncé mardi de source judiciaire, est le premier à porter sur la mort d'un civil dans la série de procès intentés par les proches des «martyrs de la révolution » partie le 17 décembre 2010 de Sidi Bouzid (centre-ouest) pour s'étendre au reste du pays. Le jugement a été rendu dans la nuit de lundi à mardi par le tribunal militaire de Sfax (280 km au sud de Tunis) saisi de l'affaire «des martyrs de la révolution » pour la partie sud du pays. Slim Hadhri, un jeune homme originaire des îles Kerkennah au large de Sfax avait été mortellement blessé par balle le 14 janvier, jour de la fuite de Ben Ali en Arabie saoudite sous la pression de la rue. Omrane Abdelali et Mohamed Saïd Khlouda ont été jugés coupables d'homicide par le tribunal qui a également décidé des indemnisations de 40.000 euros pour la famille du «martyrs », a-t-on indiqué de même source. Ce procès avait été reporté douze fois depuis son ouverture devant le tribunal militaire de première instance dont le verdict peut être révisé en appel. Le 27 mars dernier, ce tribunal avait condamné deux policiers à cinq ans de réclusion et deux autres par contumace à quinze ans de prison pour le meurtre de deux gendarmes à Ksour Essef (centre-est) durant la révolution. Selon un décompte de l'ONU, 300 Tunisiens ont été tués et 700 blessés durant le soulèvement. Les familles des tuées et les blessés dénoncent souvent les lenteurs de la justice et les autorités politiques accusées de retarder les compensations dues aux victimes de la répression policière. Deux autres tribunaux militaires, l'un au Kef pour la région nord du pays et l'autre à Tunis sont saisis de nombreuses affaires et devraient se prononcer sur le rôle de l'ex-président et ses collaborateurs dans la mort de Tunisiens.