L'ex-junte militaire malienne qui avait accepté de rendre le pouvoir aux civils après son coup d'Etat du 22 mars, conservait hier toute son influence à Bamako après avoir mis en échec une offensive de militaires loyaux à l'ex-président ATT. Des tirs sporadiques ont encore été entendus dans la nuit de mardi à mercredi dans la capitale, où le calme semblait de retour hier matin avec une circulation normale sur les principales artères. L'activité au marché avait également repris et les forces de sécurité se faisaient discrètes. Sur la route menant au camp de Kati, la base des ex-putschistes à 15 km de Bamako attaquée lundi par les «bérets rouges», les forces parachutistes loyales au président Amadou Toumani Touré (ATT), les points de contrôle installés par l'ex-junte ont été levés. Les combats au camp de Kati, à l'aéroport et à la radio-télévision nationale (ORTM), occupée par les partisans du capitaine Amadou Haya Sanogo, chef de l'ex-junte qui avait pris le pouvoir avant de le rendre aux civils, ont fait au moins 22 morts et des dizaines de blessés, selon un dernier bilan fourni par une source hospitalière. Les victimes sont en grande partie des militaires des deux camps, mais il y a également quelques civils, selon la même source. Le capitaine Sanogo a assuré mardi à l'ORTM que la situation était «sous contrôle», précisant que les troubles ne remettaient pas en cause l'accord-cadre sur le retour du pouvoir aux civils conclu le 6 avril avec la médiation burkinabé dans la crise malienne. «L'accord-cadre demeure, le président est là, le gouvernement demeure. C'était un problème interne qui est géré et qui n'a rien à voir», a assuré le capitaine Sanogo. Il a désigné les auteurs des attaques comme étant des «mercenaires» associés aux éléments du 33e Régiment de commandos-parachutistes (RDC) basés au camp de Djikoroni, dans le centre de Bamako, dont les ex-putschistes ont repris le contrôle. Le chef d'état-major des armées, le colonel-major Ibrahim Dahirou Dembele, proche de l'ex-junte, a affirmé mardi soir que les parachutistes avaient tenté de «conquérir» l'ORTM et l'aéroport «pour permettre l'arrivée de renforts extérieurs», puis attaquer la caserne de Kati «avec pour objectif l'assassinat de chefs militaires et particulièrement» du capitaine Sanogo. Une source proche de l'ex-junte a fait état hier de 29 arrestations en marge des combats, des civils, des militaires, mais également des «étrangers» dont la nationalité n'a pas été communiquée. La télévision malienne a montré quelques images d'auteurs présumés des attaques dont l'un s'est présenté comme étant un «Burkinabé». Les violences de début de semaine ont conduit à l'annulation d'une rencontre prévue mardi à Ouagadougou entre une délégation de l'ex-junte et le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) dans la crise. Le capitaine Sanogo avait rejeté la semaine dernière les décisions prises à Abidjan lors d'un sommet de chefs d'Etat de la Cédéao, dont l'envoi de soldats dans son pays pour sécuriser la transition après le putsch. Il a rejeté aussi la décision de la Cédéao de fixer la période de transition à douze mois, jusqu'à la tenue d'élections présidentielle et législatives. Le coup d'Etat qu'il avait fomenté et la désorganisation d'une armée sous-équipée a profité dans le Nord à la rébellion touareg, au mouvement islamiste Ansar Dine soutenu par Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi) et divers groupes criminels. En trois jours, du 30 mars au 1er avril, ils ont accéléré leur offensive lancée mi-janvier et pris le contrôle des trois villes et régions de ce vaste territoire aride, Tombouctou, Kidal et Gao.