Quarante-neuf ans après, cette moudjahida a eu gain de cause. Pour les historiens, l'heure est venue pour les acteurs de la guerre de Libération d'apporter un témoignage objectif sur cette partie de notre histoire. «La France doit demander pardon aux millions d'Algériens, aux martyrs pour les crimes contre l'humanité commis contre un peuple qui n'espérait que retrouver sa dignité piétinée, massacrée par les tortionnaires durant la guerre de l'Indépendance.» Ce sont les mots de Mme Louisette Ighil, une dame qui a combattu l'occupation française, mais ayant été avant tout une victime de la torture. Quarante-neuf ans après, cette moudjahida a eu gain de cause, la justice française vient de prononcer un jugement en sa faveur, dans le cadre du procès l'ayant opposé à son propre tortionnaire, le général Shmitt. Lors de son intervention, hier, au forum d'El Moudjahid, l'oratrice a insinué que les politiques en Algérie ne jouent pas entièrement leur rôle dans ce dossier, «un laisser-aller politique». L'Algérie, depuis quelques années, semble s'intéresser, de prime abord, «à la refondation des relations entre les deux pays». La guerre de l'Indépendance, la torture, les archives, ont de tout temps empoisonné «les relations amicales» entre la France et l'Algérie. Le chemin, de l'avis de l'oratrice, reste long, trop long même, sachant que la France refuse de reconnaître ces actes, de même que les généraux tortionnaires reconnaissent leur crime. L'historien Amer Rekhila est aussi l'invité du forum, sa communication a été très brève, mais elle en disait long sur l'écriture de l'histoire de la guerre de l'Indépendance. «L'heure est venue de se poser des questions, le temps d'un témoignage objectif, fidèle de la part des moudjahidine qui ont fait la guerre», précise l'historien. De son avis, les Algériens ignorent beaucoup de choses de leur passé ou plutôt beaucoup de vérités restent tapies dans l'ombre en attendant que des acteurs de la guerre sortent de leur tanière. D'emblée, M.Amer Aïssani a commencé par expliquer que «ce ne sont ni les communistes ni l'association des Ulémas musulmans qui ont déclenché la guerre, mais ce sont de simples citoyens algériens, membres, dans leur majorité, de l'organisation secrète, qui l'ont faite, loin des divisions régnant au sein du mouvement national». Si les grands soulèvements qui ont succédé à la conquête militaire 1830-1848 avaient mobilisé des régions, l'appel du 1er Novembre a mobilisé tout un peuple. «Ce qui prouve que c'est un mouvement à caractère national», précise-t-il. Abordant les accords d'Evian, il précise qu'avant de parvenir à ce stade ultime du dénouement, la reconnaissance de l'Algérie comme entité séparée et le FLN comme le seul représentant du peuple, bien des étapes ont été franchies.