Les troupes syriennes pilonnaient hier, une ville près de Damas, ignorant toujours le plan de Kofi Annan, jugé par l'émissaire international comme étant probablement «la dernière chance d'éviter la guerre civile». M.Annan, qui a défendu son plan de paix mardi soir devant le Conseil de sécurité, a reconnu qu'il était «très difficile de convaincre» le régime de Bachar Al Assad et la rébellion de déposer les armes, la répression et les combats faisant tous les jours des morts malgré la trêve annoncée il y a près d'un mois. La ville de Douma près de Damas a été bombardée toute la nuit selon une ONG syrienne et le pilonnage se poursuivait mercredi matin par l'armée qui par ailleurs a tué un civil dans la province d'Idleb (nord-ouest), un des points chauds du conflit. Dans l'est, deux agents de sécurité ont été tués dans une explosion. Avertissant que sa mission «n'était pas illimitée dans le temps», M.Annan a néanmoins signalé que «ce plan reste l'unique chance de stabiliser le pays», malgré «l'inquiétude profonde» de le voir «s'enfoncer dans une guerre civile complète». Son porte-parole a écarté la possibilité d'une deuxième visite de l'émissaire dans l'immédiat à Damas, après celle en mars. Interrogé sur les législatives qui se sont tenues dimanche en Syrie sur fond de violences, M.Annan a répondu que le gouvernement devrait comprendre qu'il «faudrait peut-être de nouvelles élections». Selon lui, la consultation n'est pas celle qui est prévue dans son plan de paix, qui préconise un «dialogue» entre gouvernement et opposition. En Syrie, le dépouillement des voix se poursuivait toujours deux jours après un scrutin qualifié de «mascarade» et de «farce» par l'opposition syrienne et la communauté internationale. «Nous ne pouvons pas encore fixer une date pour les résultats des législatives», a indiqué à la télévision publique le chef de la commission électorale, indiquant qu'un nouveau vote devrait encore avoir lieu hier à Hassaka, dans le nord-est. Le vote s'est déroulé dans un contexte de violences qui ne semblent pas vouloir faiblir, plus de 800 personnes, dont une grande majorité de civils, ayant perdu la vie, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (Osdh, basé à Londres) depuis l'annonce du cessez-le-feu le 12 avril. «Nous devons arrêter les tueries», a indiqué M. Annan, ajoutant qu'il «y a toujours de sérieuses violations», même si «l'activité militaire a légèrement diminué». Il a réaffirmé que les violations sont commises aussi bien par les forces de l'ordre syriennes que par les rebelles. Selon des diplomates qui ont suivi son intervention à New York, M.Annan a exprimé la crainte que les violations des droits de l'Homme, les arrestations et les tortures «ne s'intensifient». Des personnalités connues pour être des partisans de la non-violence ont été arrêtées, a-t-il noté. A Genève, M. Annan a indiqué qu'il espérait que les 300 observateurs de l'ONU seraient tous déployés d'ici la fin du mois, estimant qu'ils «auront à ce moment là un impact bien supérieur». Soixante-six observateurs sont actuellement sur place, répartis en six endroits du pays, a précisé un porte-parole du département des opérations de maintien de la paix de l'ONU, André-Michel Essoungou. De son côté, le patron des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous, a noté une «réduction sensible» de l'utilisation des armes lourdes par les forces syriennes. Mais des opérations militaires plus discrètes continuent, ainsi que des vagues d'arrestations à grande échelle, a-t-il ajouté, toujours selon les diplomates. «Les Etats-Unis restent déterminés à accroître la pression sur le régime (du président syrien) Assad et sur Assad lui-même afin qu'il quitte le pouvoir», a affirmé l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice. Les Etats-Unis souhaitent que le plan Annan réussisse, a rappelé Mme Rice, mais sont prêts en cas d'échec à chercher «d'autres mesures», telles que des sanctions, contre Damas.