A quoi sert une réforme si les élèves n'arrivent même pas à suivre normalement les cours ? Le ministère de l'Education compte ouvrir un dialogue avec les partenaires sociaux pour mettre au point un statut de l'enseignant et du formateur avec examen des conditions de création d'une mutuelle pour le logement et le système de la prime de la retraite. Cette annonce a été faite jeudi par le représentant de la tutelle dans le cadre une rencontre régionale, regroupant les directeurs de l'éducation de certains établissements scolaires et l'inspection de l'enseignement des trois paliers des wilayas du Centre, laquelle s'est tenue à l'hôtel Mouflon d'or. L'ordre du jour de ce rendez-vous, et contrairement à ce que l'on pourrait croire, n'a pas été l'examen du bouillonnement qui caractérise, depuis quelques mois, le secteur de l'éducation, frappé par le mouvement de grève cyclique. Le ministère de l'Education «intensifie ses efforts» pour expliquer les nouvelles mesures initiées durant cette rentrée dans le cadre de la réforme de l'école. Dans leurs exposés, les représentants de la tutelle ont évoqué largement le train de mesures arrêtées dans le cadre de cette reforme, lesquelles s'articulent autour notamment de la formation de base des enseignants et la révision des programmes pédagogiques. Les participants ont insisté sur la place qu'occupe la langue arabe, tamazight, les langues étrangères et l'éducation islamique et civique. «Afin que cette reforme soit efficace, le ministère a établi un cadre législatif à travers six textes législatifs dont quatre sont sur le point d'être publiés et deux en cours d'examen» explique M.Bakhti. Au-delà de l'importance évidente de ces questions, une autre réalité s'impose. Il s'agit du spectre de l'année blanche qui se profile à l'horizon avec le durcissement des positions de part et d'autre. En évoquant «le dialogue avec les partenaires sociaux», le ministère exclut de facto le CLA et le Cnapest, qualifiées «d'organisations illégales». Ce qui nous amène à s'interroger sur l'issue de ce dialogue. Mais surtout sur les résultats de cette réforme tant attendue. «A quoi sert la révision des programmes si les enseignants ne suivent pas? A quoi sert une réforme si les élèves n'arrivent même pas à suivre normalement les cours?» s'interrogent les acteurs de l'éducation nationale. Le ministre de l'Education s'est montré très optimiste quant à l'avenir de l'école algérienne avec l'application de ces reformes. Mais l'année de la réforme s'est transformée en une année de protestation. L'Exécutif semble, bel et bien, minimiser le poids des deux organisations. Au- delà des motivations et des arrière-pensées qui pourraient alimenter ce mouvement, le fait est là, les cours accusent deux mois de retard, les revendications sociales mobilisent des milliers d'enseignants. Enfin tutelle et protestataires n'ont pas l'intention de céder. Fallait-il commencer d'abord par se pencher sur les problèmes des enseignants avant d'engager des réformes? La question se pose aujourd'hui avec persistance.