«Les résultats du scrutin, censés apporter des solutions à la crise politique, ne feront que l'aggraver», relève le dirigeant du Front du changement. Les islamistes crient à la fraude. Le Front du changement (FC) est l'une des formations de ce courant qui monte au créneau au lendemain de l'annonce des résultats provisoires des législatives du 10 mai. Les chiffres rendus publics par le ministre de l'Intérieur sont «incroyables», commente hier, Abdelmadjid Menasra, dirigeant du FC. Ils consacrent plutôt, estime-t-il «plus de désespoir, plus de despotisme et plus de fraude et de la hogra». Le scrutin «est entaché d'une fraude caractérisée et à grande échelle», déplore l'ex-ministre de l'Industrie, lors d'une conférence de presse tenue au siège du parti, à Alger. «Il n'y a plus que de la fraude dans cette élection» expliquant que plus de «deux millions d'électeurs ont eu leurs noms répétés sur d'autres listes», selon lui. Le parti de Menasra n'est crédité à l'issue de cette consultation que de quatre sièges dont deux obtenus dans la wilaya de M'sila, un à Boumerdès et un autre dans la wilaya d'El Bayadh. «La fraude a été largement utilisée lors du déroulement de l'opération de vote et après la fermeture des bureaux de vote», affirme-t-il. Précisant que «les centres et les bureaux de vote ont été envahis par des électeurs étrangers aux wilayas». Par la suite, poursuit-il «le bourrage des urnes est intervenu après la fin de l'opération électorale ou la fermeture des bureaux». Pour le chef du FC, une formation fraîchement agréée, «des centaines de milliers de vraies-fausses procurations illégales ont été utilisées également lors du scrutin». «Ceux qui ont assimilé les élections au 1er Novembre 1954, doivent s'attendre à un 5 Juillet 1962», dira-t-il. Le leader du FC, qui a défendu sa participation à ce scrutin, estime que «si tous les partis se sont abstenus, le pouvoir n'aura pas besoin de fraude, et cette propension au trucage ne sera pas dévoilée». La preuve en est, selon lui que «les difficultés endiguant la fraude ont été vite contournées et surpassées par le pouvoir». En rappelant que «la volonté, les outils ou instruments pour frauder ne manquent pas». «On a relevé que nombreux sont les électeurs qui ont voté deux à trois fois», selon lui. La future assemblée assimilée à «celle existant sous le règne du président égyptien déchu», «ne pourra jamais aller à la fin de sa mandature», croit savoir M.Menasra qui s'est demandé «comment peut-on obtenir une majorité presque absolue dans un mode de scrutin proportionnel s'il n'y avait pas eu une partie qui a gonflé artificiellement le taux de participation?» «La différence entre le taux de participation réel et le taux officiel est attribuée au FLN», explique-t-il. La majorité des partis politiques «n'ont pas eu d'observateurs à tel point que le taux de contrôle des bureaux n'a pas dépassé les 8%», a-t-il encore expliqué. «Si cela s'est passé à Alger, que dire des autres régions du pays?» confie-t-il. Dans ces conditions, il faut dire «adieu aux réformes initiées par le chef de l'Etat!» clame le premier responsable du FC. «Les résultats du scrutin censés apporter des solutions à la crise politique, ne feront que l'aggraver», relève-t-il. Menasra n'a pas manqué de fustiger l'attitude du ministre de l'Intérieur, lequel, selon lui, «a annoncé des résultats avant même la fin de l'opération de dépouillement en citant, notamment le cas de la wilaya d'Oran». Le ministre, selon toujours M.Menasra, n'a pas hésité à donner sa lecture politique au lieu de se contenter d'annoncer les résultats.» Par conséquent, «l'explosion sociale ne saurait être que considérable et imminente», prévoit-il. Par ailleurs, le leader du FC notera que «l'Algérie a raté une occasion et une opportunité pour un changement démocratique pacifique». Enfin, dans le même ordre d'idées, il a assuré qu'une possibilité de retrait de sa formation avec d'autres partis de l'APN sera examinée par le conseil consultatif du FC au cours de cette semaine.