Deux millions de noms doublés ont été rajoutés au fichier électoral, c'est l'astuce qu'aurait utilisée l'administration pour annoncer un taux de participation de 42,36% aux législatives, selon le président du Front du changement (FC), Abdelmadjid Menasra. Qualifiant ce scrutin dominé par le FLN largement devant le RND d'«absurde», le FC a tenu à dénoncer la forte fraude. «On a appelé nos électeurs à voter massivement pour contrecarrer le poids de la fraude et déjouer les manipulations corruptives, mais hélas ça n'a pas été suffisant devant les moyens sophistiqués qu'ont utilisés les partis au pouvoir pour bourrer les urnes et annoncer des résultats falsifiés», a indiqué M. Menasra dans une conférence de presse. Le FC a obtenu quatre sièges : deux à M'sila, un à Boumerdès et un autre El Bayadh. Pour appuyer ses dires, il parlera de l'annonce des résultats par le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, avant la fin du dépouillement dans certaines wilayas. «L'administration a mis beaucoup d'entraves aux partis pour qu'ils n'assistent pas au dépouillement et n'a remis les PV de vote qu'à quelques partis», dira-t-il. Pour lui, la fraude est une «constante» au sein du pouvoir et caractérise les élections quelle que soit leur nature depuis les années 1990. Le nombre de sièges obtenus par les partis récemment agréés et plus précisément de la mouvance «islamiste» n'ont pas satisfait leurs formations et pour avoir un poids dans la prochaine Constitution parlementaire, le président du FC s'est dit «ouvert» à toute proposition d'alliance. «Notre conseil consultatif se réunira dans les jours à venir pour décider de la manière avec laquelle on va siéger au Parlement», annonce-t-il. Au sujet de l'agrément de partis politiques un mois avant le scrutin, cette démarche n'était qu'une façade de «démocratie» pour M. Menasra qui aurait aimé que la diversification des partis politiques intervienne au moins une année avant les élections législatives. Pour lui, l'appel par le gouvernement des citoyens à voter était également un simulacre et l'abstention était voulue par le régime en place. «Le gouvernement souhaitait uniquement que ses partisans aillent voter pour obtenir un bon score ; quant au reste, il savait bien qu'ils ne se rendraient pas aux urnes», analyse-t-il. Sur un autre volet, il critiquera l'attitude des observateurs qui, selon lui, «seraient venus en Algérie uniquement pour passer des vacances et rentrer chez eux». «Les soi-disant observateurs se pavanaient à l'hôtel El Aurassi alors que le trafic battait son plein dans les bureaux de vote». D'après M. Menasra, les quelques observateurs qui se sont rendus dans des bureaux de vote ne s'y étaient pas attardés. «La présence des observateurs n'était que symbolique, ils n'avaient aucun pouvoir pour empêcher la fraude et le ministère de l'Intérieur n'a pas répondu favorablement à leur demande de consultation du fichier électoral avant le scrutin», indique le président du FC. Par ailleurs, il aberrant que le pouvoir demande aux citoyens de se méfier du Mouvement pour la Société pour la Paix pour lequel il présageait davantage de sièges au Parlement alors qu'il a siégé auprès d'eux pendant plus de neuf ans durant l'alliance présidentielle. M. Menasra dénoncera également l'attitude «indigne du ministre des affaires religieuses qui, durant ses prêches, appelait les citoyens à voter mais n'a pas daigné dire un mot sur la fraude».