La cherté de la vie, le chômage, la mal-vie, autant d'indices de la pauvreté qui frappe à nos portes. L'objectif premier du Millénaire pour le développement (OMD), adopté à l'ONU en septembre 2000 par 189 pays et signé par pas moins de 147 chefs d'Etat, est de réduire la pauvreté dans le monde. Mais, qu'en est-il aujourd'hui de la réalisation de ce programme auquel l'Algérie a adhéré pleinement, bien qu'elle n'ait pas attendu une résolution internationale pour faire sienne cette démarche déjà bien ancrée chez nous de par les préceptes solidaires qui régissent notre société. Si personne ne meurt de faim en Algérie, il faut admettre, cependant, que la misère gagne de plus en plus les couches de la société algérienne. Cette plaie se manifeste quotidiennement dans les rues des grandes agglomérations, des petites villes, dans les douars et mechtas. La pauvreté rampante se lit également dans les périphéries des grandes villes et les zones rurales. Dans les villes, elle est plus visible, car tranchant avec les voitures rutilantes qui circulent ou les vitrines luxueuses qui n'ont rien à voir avec cette misère ou qui ont oublié ce que c'est après avoir «enjambé», certains écueils de la vie. Il n'y a qu'à voir le nombre sans cesse croissant de ces pauvres hères qui squattent trottoirs et arrêts de bus, mendiant leur pitance, plutôt en monnaie sonnante et trébuchante, car comme signifié plus haut «personne ne meurt de faim en Algérie.» Une virée dans ces endroits à fréquentation populaire dense, nous montre le degré de pauvreté sociale qui ronge le pays. Des femmes et hommes infatigables en haillons qui tendent la main pour espérer une pièce de monnaie qui les aiderait, un tant soit peu, à survivre jusqu'au lendemain. Mais hélas, la mauvaise répartition des richesses du pays enrichit les riches et appauvrit les pauvres. Les fruits de la croissance sont mal partagés et plongent le pays dans un éternel état de besoin qui va du logement à la précarité de l'emploi, notamment chez des jeunes, à la sempiternelle lutte contre la cherté de la vie. Il n'est pas rare enfin que des familles nucléaires mangent moins bien après le règlement des factures ou pendant la rentrée scolaire. On s'abstient durement à la veille d'une fête religieuse ou du mariage d'un de ses enfants par exemple... Enfin, l'extrême pauvreté est tout le temps à l'affût. Pernicieuse, elle guette et ne pardonne (ra) pas... Nombre d'enfants arrêtent leur scolarité pour subvenir aux besoins de leurs familles en s'adonnant à la vente de cigarettes ou autres pacotilles. Les plus chanceux vendent (dangereusement) des galettes ou pains «matlou'» le long des routes et autoroutes au détriment de leur vie jusqu'à une heure tardive. Des filles sont mariées jeunes par leurs parents «n'importe comment» juste pour les «caser» et diminuer, par là même, une bouche à nourrir et libérer un espace dans le logis familial souvent trop exigu. Cette misère est encore plus criante pendant le mois sacré du Ramadhan qui approche à grand pas. Elle est insultante et provocatrice en cette période. Combien de familles ne sont pas prêtes à l'accueillir! Elles ne le sont jamais, comme chaque année, vu la dureté de la vie qu'elles mènent. Combien de miséreux seront-ils cette année, à quêter leur repas pour la rupture du jeûne? Qui dans les marchés, qui à la sortie des gares routières ou ferroviaires, qui tout simplement dans les rues. Combien parmi ces pauvres gueux seront-ils attablés dans les restaurants Rahma, si dignement et fièrement organisés, surtout avec discrétion, chaque année, grâce aux deniers de l'Etat, mais aussi aux dons anonymes bienfaiteurs comme les commerçants en denrées alimentaires dont les largesses subviennent plus que correctement à approvisionner ces restaurants du bonheur. L'année derniére, près d'un million et demi (1.435.304) de familles démunies ont bénéficié du «Couffin de Ramadhan», une opération de solidarité qui a coûté, en 2011, plus de 3,5 milliards de dinars puisés pour l'essentiel du Trésor public. Autant de questions pertinentes qui nous taraudent amèrement l'esprit, nous rappelant que «les Algériens sont pauvres dans un pays riche».