En l'absence de ce thème significatif, il devient difficile de situer les événements qui agitent actuellement la scène politique nationale. «Le flou qui caractérise la scène politique actuelle peut se dissiper si un débat est engagé autour d'un thème sérieux.», a affirmé Mouloud Hamrouche, discutant avec des journalistes sur la situation que vit le pays, le jour de l'enterrement de M'hamed Yazid. L'ex-candidat à la présidentielle de 1999, a en quelque sorte explicité la lettre de Hocine Aït Ahmed au journal Le Monde. Le leader du FFS a fait savoir dans sa lettre que «(...) la difficulté des clans militaro-policiers à s'entendre sur le candidat le plus à même de garantir la pérennité de leur pouvoir et de leurs intérêts est à l'origine d'une crise si grave qu'elle a débordé du huis clos traditionnel». A bien lire la déclaration de M.Hamrouche, on se rend compte que les discours et les jacqueries causés par la perspective de l'échéance de 2004, ne véhiculent pas une consistance à même d'enclencher un débat sérieux. La vie politique se trouve bipolarisée entre un candidat officiel, Ali Benflis et un candidat officieux, Abdelaziz Bouteflika. En l'absence de ce thème significatif pour rassembler au moins le sérail algérien, il devient difficile de situer les évènements qui agitent actuellement la scène politique nationale. Ne voulant pas s'étaler davantage sur le sujet, Hamrouche vient de soulever un questionnement capable de dépasser le marasme actuel. En 1995, le débat portait sur la résistance et la lutte contre le terrorisme barbare qui menaçait alors sérieusement la République. Pour rappel, les Algériens s'étaient rendus aux urnes avec un engouement sans pareil pour élire Liamine Zeroual à la tête de l'Etat, en dépit des menaces terroristes. La paix et la concorde avaient marqué la présidentielle de 1999. Le thème aussi a drainé des foules, enclenché un débat et suscité un espoir après dix années de terrorisme sanglant. A quelques mois de l'ouverture, la campagne électorale pour la présidentielle de 2004, les débats semblent se noyer dans une lutte de personnes loin de susciter l'engouement du citoyen. La plupart des réformes politiques promises en grande pompe par Bouteflika, n'ont pas été mises en application. La justice, l'Etat, l'école et le plan de relance économique sont restés au stade d'intention. Le dialogue avec les différentes franges de la société algérienne n'existait pas. Les syndicats et les associations qui ne font pas partie du harem n'ont pas le droit d'activer s'ils ont eu la chance d'avoir leur agrément. Sur le plan économique et social, la situation, en dépit des investissements considérables consentis, n'est guère meilleure. Aussi, les épisodes burlesques d'une hallucinante déliquescence que vit actuellement le pays, nécessitent, comme l'a affirmé Hamrouche, un thème sérieux. Un thème qui va transcender la conjoncture actuelle et devenir un événement de portée nationale. Car à défaut, il y a un fort risque de retomber dans le bain classique des luttes de personnes qui avaient caractérisé le règne du parti unique. Le congrès de Tripoli en 1961, en constitue la parfaite illustration.