Même si Benachenhou ne convainc pas grand-monde, la loi passerait comme une lettre à la poste. La présentation du projet de loi de finances n'a visiblement pas laissé indifférents les députés du PT qui tirent encore la sonnette d'alarme quant aux velléités des pouvoirs publics de «brader le secteur des l'hydrocarbures». A ce titre, le député du Parti des travailleurs, M.Ammar Takdjout, a indiqué que tout au long de son intervention pour la présentation de la loi, M.Benachenhou a eu toutes les peines du monde à cacher cette velléité: «Il n'a jamais utilisé le terme usuel de «revenus» du pétrole, mais plutôt le terme fiscalité pétrolière», a-t-il indiqué la même lancée, ledéputé Takdjout a ajouté pour appuyer les contradictions et la manipulation des chiffres de la part d'un technocrate comme Benhachenhou: «D'un côté, il annonce une embellie financière de 30 milliards de dollars, d'un taux de croissance dans la consommation des ménages, et de l'autre, il appelle les citoyens à plus d'austérité, le tout dans une situation où le secteur industriel vit une inertie presque totale.» Selon l'interlocuteur qui est intervenu tard dans la nuit, les contradictions dans l'utilisation des chiffres pour argumenter le projet laisse «perplexe et inspire le doute». Les députés du FLN se sont interrogés, pour leur part, sur la destination des sommes faramineuses des dépenses sociales. Pas moins de 480 milliards de DA, représentant 9,7% du PIB du pays, sont consacrés aux finances sociales, «mais la misère gagne toujours les citoyens», nous dit-on. «C'est parce que le pourvoir n'a pas de vision claire. Toutes les ressources du pays sont éparpillées faute de projet...sauf les projets électoraux», nous explique-t-on. Pour les députés du FLN, les avis dans les coulisses convergent tous sur une mise en garde quant aux déséquilibres budgétaires au moment où le pouvoir revoit sa stratégie monétaire en comptant moins sur les recettes pétrolières, d'une part, et en mettant l'accent sur la fiscalité, d'autre part. Les députés du FLN, qui rejoignent celui du PT, M.Takdjout, en insistant que le pouvoir compte bel et bien imposer la loi sur les hydrocarbures, ont indiqué que «le plus grave est que ce déséquilibre est alimenté par une politique populiste loin de projets productifs et pour s d'emplois». Cela d'autant plus que Benachenhou, lui-même, annonçant une mauvaise saison pétrolière dans le monde, a avoué que l'Algérie ne contrôle ni le prix du pétrole ni le cotation du dollar. Ce qui conforte les appréhensions des uns et des autres. Il faut rappeler, concernant le déficit budgétaire, que le projet de loi, élaboré sur la base de 19 dollars le baril, prévoit des recettes budgétaires de 1 528 milliards de DA et des dépenses budgétaires de 1 920 milliards de DA, soit un déficit budgétaire de 392 milliards de DA. Concernant les recettes budgétaires, la fiscalité pétrolière est évaluée à 862,2 milliards de DA. Pour les dépenses budgétaires, le projet de loi prévoit des dépenses de fonctionnement de 1200 milliards de DA et les dépenses d'équipement de 720 milliards de DA. Les interventions autour du projet devront durer jusqu'au mercredi. Les présidents des groupes parlementaires s'exprimeront ce soir, alors que leurs interventions, de 20 minutes chacune, seront retransmises en direct à la télévision.