La série d'attentats qui a mis en émoi l'Hexagone ressurgit avec des interrogations à longueur de lignes. Le procès en appel de Boualem Bensaïd, accusé d'avoir participé à trois attentats en 1995 à Paris, revendiqués par le Groupe islamique armé (GIA) algérien, s'est ouvert lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris, un an après un premier procès où il avait été condamné à perpétuité. Boualem Bensaïd, 35 ans, est accusé d'être l'un des poseurs de bombes de la station de métro régional Saint-Michel, dans le centre de Paris, le 25 juillet 1995 (8 morts, 150 blessés) et de la station Maison-Blanche, dans le sud (6 octobre, 18 blessés). Il est aussi accusé d'avoir participé à l'organisation de l'attentat du Musée d'Orsay, dans le centre de la capitale (17 octobre 1995, 30 blessés). Le procès s'est ouvert en présence de nombreuses victimes ou familles de victimes. Cette audience, prévue pour durer quatre semaines, est concentrée sur le seul attentat de Saint-Michel, puisque la culpabilité de Bensaïd pour les deux autres actions terroristes ne pose pas de problème majeur. L'accusé conteste toute participation, à quelque titre que ce soit, à l'attentat de Saint-Michel, le plus meurtrier de la série. L'enquête et le premier procès n'avaient pas permis d'établir avec certitude sa présence dans le métro. Bensaïd n'avait été condamné que comme complice et son avocat compte demander l'acquittement pour cet attentat. Avec l'ouverture de ce procès, c'est l'imagerie entière au temps où le GIA terrorisait la France qui ressurgit. Rappelons que c'est la mort des quatre éléments clé de la stratégie du GIA par les éléments du Gign qui a déclenché la guerre de l'organisation de Djamel Zitouni sur le sol français. L'assassinat, en Kabylie de quatre religieux, dont trois français, par une faction conduite par Abdelkader Saoudi, chef de «qatibat el mout» est le premier acte de représailles. S'ensuit alors l'assassinat, à Paris même, de l'imam Abdelbaki Sahraoui, puis survient la série d'attentats dans les métros de Paris qui mirent en émoi la France entière, et firent 8 morts et 150 blessés. La culpabilité de Bensaïd pour les attentats de Maison-Blanche et Musée d'Orsay était apparue plus évidente. A l'occasion de ce nouveau procès, certaines questions trouveront peut-être enfin une réponse. Pourquoi Ali Touchent, personnage clé du dossier, n'a-t-il jamais été arrêté? Il est donné pour mort, abattu dans un hôtel d'Alger en mai 1997. Mais les autorités algériennes ne l'ont fait savoir qu'en février 1998. Touchent, alias Tarek, apparaît à la croisée de tous les réseaux dès le début de l'enquête et, pourtant, échappe à plusieurs arrestations. Autre attente dans ce procès en appel : la réponse au «pourquoi ces attentats». Bensaïd n'a fourni, en première instance, que des éléments de réponse. Le militant a en effet justifié l'activisme du GIA par la nécessité de répondre notamment à l'interruption du processus électoral et à l'interdiction du Front islamique du salut (FIS) en Algérie en 1992.