Boualem Bensaïd a dû être bien «briefé» pour se lancer dans des formules qui ont fait grincer les dents à la Cour d'assises de Paris. Le troisième jour du procès du GIA, accusé d'avoir participé à la vague d'attentats de 1995 en France, s'est principalement axé autour de la nature de la nébuleuse du GIA et des explications données par des officiers de police. Georges Masson, commandant de police à la Division nationale de l'antiterrorisme (Dnat), a longuement expliqué à la barre la nature haineuse et très antifrançaise du GIA, qui «nourrit une certaine haine à l'égard de la France», explique-t-il. On revient à la genèse du GIA, Groupe islamique armé, né en 1994, on établit les faits de l'activisme infatigable de Boualem Bensaïd et on s'attarde sur le parcours douteux de Ali Touchent, dit Tarek. Pour le policier «l'aura et la détermination de Boualem Bensaïd sont importantes. On peut penser qu'il venait fédérer et organiser les attentats». Quant à Touchent, abattu par les services de sécurité algériens en 1997, le policier estime qu'il ne possède aucun élément permettant d'établir qu'il était «une taupe» des services de sécurité qui a infiltré les groupes armés. La Cour d'assises a continué à suivre un rythme méthodique (qui prendra, son temps, jusqu'au 30 octobre), d'autant plus que dans le box des accusés, Boualem Bensaïd devenait de plus en plus narquois, ironique et calculateur. Le bulletin Al-Ansar, qui diffusait les communiqués du GIA? «Un journal normal», estime-t-il. Que faisiez-vous en France? «C'est mon problème», ironise-t-il. Et s'il arrive au juge de s'emporter, il y a un Bensaïd impérial qui rétorque: «C'est pas la peine de crier, je suis censé être innocent», ou encore: «C'est pas une enquête ça, c'est un truc d'enfant». Il dit même avec une certaine raillerie: «Il me faut des preuves.» La journée d'hier s'est poursuivie avec une synthèse des trois attentats aux stations de métro Saint Michel, Musée d'Orsay et Maison-Blanche, qui ont fait 8 morts et 200 blessés. Il est clair qu'en l'absence de Touchent (abattu en 1997 à Alger) et Rachid Ramda (en prison, en Grande-Bretagne), la Cour d'assises de Paris va piétiner encore quelques jours. Il lui manque les pièces-maîtresses pour constituer un vrai procès. Et Bensaïd va certainement «jouer» sur ces blancs...