Alger et Paris ouvrent une nouvelle page M.Hollande, qui considère que «l'image de la France a été abîmée par cinq années de sarkozysme», s'attellera-t-il alors à raccommoder ces dégâts, notamment à l'égard de l'Algérie? Est-ce un nouveau départ dans les relations algéro-françaises? Le déplacement annoncé dans les prochains jours, du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et la visite du président François Hollande, à Alger vers septembre prochain, a en croire des sources diplomatiques, sont des signes qui annoncent des lendemains meilleurs pour les deux pays. Après tant de ratages, de temps perdu, Alger et Paris ouvrent une nouvelle page et passent à la séance de rattrapage. Il faut s'attendre à ce que les relations algéro-françaises passent à une «vitesse supérieure» en surmontant la «période compliquée». M.Hollande qui considère que «l'image de la France a été abîmée par cinq années de sarkozysme», s'attellera-t-il alors donc à raccommoder ces dégâts, notamment à l'égard de l'Algérie? Hollande veut rénover les relations avec l'Algérie qu'il considère comme stratégiques dans la région du Maghreb. En témoigne d'ailleurs cette première sortie au Maghreb et en Afrique qu'il réserve à l'Algérie. Le défi est de taille puisqu'il s'agit de rétablir le contact avec le premier partenaire de la France en Afrique, le plus grand pays francophone au monde et celui qui possède la plus grande communauté en France. Plus de 4 millions d'Algériens y vivent. Qualifié par l'ex-président Sarkozy de pays incontournable. M.Hollande abordera avec son homologue algérien le dossier de l'Union du Grand Maghreb, du Sahel et du Mali et de la question du Sahara occidental. M.Hollande se dit ami de l'Algérie. C'est à Alger qu'il il a effectué un stage à l'ambassade de France en 1970 et c'est à Alger, lors de sa dernière visite, en décembre 2010, qu'il a prononcé sa trouvaille: «Un président normal.» Il y a donc une relation magique entre Alger et le président français. L'élection de François Hollande a été perçue très positivement du côté d'Alger, même le premier contact entre les deux présidents est resté au smig diplomatique. Il faut bien un temps d'observation. En mai dernier, le président Hollande a affirmé à son homologue le Président Bouteflika son attachement aux relations d'amitié franco-algériennes à l'occasion d'un entretien téléphonique. Cette élection vient à point nommé pour redéfinir, de manière sereine, les rapports entre les deux pays. Il y a des sujets qui fâchent entre Alger et Paris. Ces sujets irritants sont liés au débat sur la repentance de la France, l'affaire des moines de Tibhirine, ainsi que la loi du 23 février 2005 glorifiant le colonialisme. Pour autant, ce ne sont pas des problèmes insolubles. Lors de sa campagne électorale, il s'est dit prêt à faire des efforts pour stabiliser les relations entre les deux pays et les fructifier sur tous les plans. Le premier geste, rappelle-t-on, a été lors de la célébration, l'année dernière, des événements du 17 Octobre 1961 à Paris. On se rappelle que François Hollande avait déposé une gerbe, le 17 octobre 2011, au pont de Clichy, où des Algériens furent jetés à la Seine, il y a cinquante ans, par des policiers placés sous les ordres de Maurice Papon, préfet de police. «Au cours de cette commémoration, j'ai tenu à témoigner ma solidarité aux enfants et petits-enfants des familles endeuillées par ce drame. Il faut que la vérité soit dite (...)», a déclaré M.Hollande avant même qu'il soit élu à la présidence de la République. Il traduit ainsi la vision avec laquelle le président Hollande conduira la politique étrangère de son pays, qui tranche évidemment avec celle de son prédécesseur Nicolas Sarkozy. Ce dernier avait pourtant l'ambition de donner un autre cachet à ses relations n'était-ce une série d'événements contraignants pour la position algérienne. M.Sarkozy avait lancé en grande pompe le grand projet de l'UPM qui lui tenait à coeur, mais il a été stoppé net lors des bombardements de l'armée israélienne contre Ghaza en 2008. Il y a eu ensuite l'intervention militaire française en Côte d'Ivoire pour déloger Laurent Gbagbo et en Libye pour éliminer le guide El Gueddafi et aboutir au chaos libyen. Il y a beaucoup de dégâts. François Hollande impulsera-t-il une nouvelle dynamique? Suscitera-t-il un nouvel espoir?