C'est à la Place de la Bastille que le 10 mai 1981 la gauche avait fêté François Mitterrand, premier socialiste élu président sous la Ve République : dimanche, 6 mai, 31 ans plus tard, elle est revenue célébrer la victoire de François Hollande. C'est à la Place de la Bastille que le 10 mai 1981 la gauche avait fêté François Mitterrand, premier socialiste élu président sous la Ve République : dimanche, 6 mai, 31 ans plus tard, elle est revenue célébrer la victoire de François Hollande. Devant une mer de drapeaux français mais aussi du monde entier, Il étreint longuement Lionel Jospin, salue Mazarine Pingeot, la fille de François Mitterrand, et fait la bise à son ex-compagne Ségolène Royal. "Hollande président, ça va changer la notion de président", dit la comédienne Josiane Balasko, soutien de longue date des socialistes et de François Hollande. Clémentine Célarié, Guy Bedos, Michel Piccoli sont aussi là. Ils étaient tous là pour fêter la victoire du parti socialiste qui a pris sa revanche une deuxième fois sous la Ve République. Il devrait prendre ses fonctions officiellement le 15 mai après la passation avec le président sortant Nicolas Sarkozy. Il y aura, d'un côté, le secrétaire général de l'Elysée, Xavier Musca, et le directeur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici. Un vote sanction contre Nicolas Sarkozy Un vote de protestation envers Nicolas Sarkozy, plutôt que d'adhésion à François Hollande : 52% des personnes ayant voté pour le socialiste au second tour affirment le faire contre le président sortant, selon un sondage CSA. Ce vote en faveur de François Hollande est d'abord un vote d'opposition contre Nicolas Sarkozy. Une protestation contre Nicolas Sarkozy plutôt qu'une adhésion à François Hollande. Pour les jeunes, même s'il n'a pas le pouvoir de changer grand-chose, il aura eu le mérite de virer Sarkozy. Pour qui ont voté, au second tour, les électeurs de Marine Le Pen et François Bayrou? «Tout d'abord, le report de voix a été très bon à gauche», analyse Yves-Marie Cann, directeur d'études du département opinions à l'institut de sondages CSA. 87% des électeurs au premier tour du candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon se reportent sur le socialiste François Hollande. «La discipline a été respectée. Pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, il y a un vrai ancrage à gauche», commente le sondeur. Réservoir de voix favorable à Nicolas Sarkozy Un ancrage, qui, pour les électeurs du centriste François Bayrou, se révèle totalement différent. En effet, ils sont 33% à se reporter sur François Hollande et 52% sur Nicolas Sarkozy. «Alors que François Bayrou a indiqué voter, à titre personnel, pour François Hollande, on voit que son électorat vote différemment et garde un ancrage centre droit», explique Yves-Marie Cann. Quant aux électeurs au premier tour de Marine Le Pen, ils votent majoritairement, et sans surprise, pour Nicolas Sarkozy (56 %) plutôt que François Hollande (28 %). Des niveaux des reports de voix qui permettent d'expliquer la défaite de Nicolas Sarkozy, selon le sondeur. «Seul un report de l'ordre de 70% à 80% aurait permis à Nicolas Sarkozy de l'emporter. Or, Nicolas Sarkozy ne bénéficie que de 56% des reports de voix de cet électorat.» L'analyse des votes blancs et nuls, qui totalisent 4,66% des votes des inscrits au second tour, contre 1,52% au premier tour, est intéressante. «Le taux de ces votes triple traditionnellement entre le premier et le second tour. Ce taux, à 4,66 % des inscrits, est quasiment comparable à celui de 2007, mais le nombre de ce type de bulletins enregistrés (2.147.000) constitue un record», note Yves-Marie Cann, de CSA. Le nombre d'électeurs ne se retrouvant pas dans l'offre politique actuelle croit ainsi en nombre en 2012. Report de voix insuffisant des électeurs de Marine Le Pen vers Nicolas Sarkozy Enfin, l'abstention, fixée à 19,66 % des inscrits, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, révèle deux grands enseignements selon le sondeur : «Le premier, c'est que les abstentionnistes au second tour ne sont pas les abstentionnistes du premier tour. Si la moitié de ces électeurs ne s'est pas déplacée ou a voté blanc ou nul, l'autre moitié a fait un choix.» Si un resserrement des intentions de vote entre les deux candidats a été vu durant les dernières semaines, ce regain a plutôt profité à Nicolas Sarkozy. C'est le deuxième enseignement de l'analyse de cette abstention : «61% des abstentionnistes du premier tour ayant voté au second tour l'ont fait en faveur de Nicolas Sarkozy», indique Yves-Marie Cann. «Le réservoir de voix, qu'appelait de ses vœux Nicolas Sarkozy, existait bel et bien, et il a voté majoritairement pour lui au second tour. Ce réservoir de voix au second tour explique ainsi, pour le premier tour de l'élection, la relative contre-performance de Nicolas Sarkozy.» Nicolas Sarkozy quitte la politique Lorsqu'il réunit son état-major à l'Elysée, dimanche 6 mai au début de la soirée, Nicolas Sarkozy est clair sur son avenir. "Je ne serai plus candidat aux mêmes fonctions", leur dit-il selon le ministre du Travail, Xavier Bertrand. "Cela ne surprendra personne. Je l'ai dit avant. Des propos qui sont confirmés par des conseillers du président de la République, qui rapportent : Il a dit : '"J'arrête la politique."" Plus tard, dans la salle de la Mutualité à Paris, M. Sarkozy n'a pas voulu désespérer les militants, alors que la bataille des législatives s'engage. Il s'est montré plus flou, déclarant : "Vous pourrez compter sur moi pour défendre [nos] idées, [nos] convictions, mais ma place ne pourra plus être la même." Le chef de l'Etat sortant avait annoncé, lors d'un voyage en Guyane, en janvier, qu'il arrêterait la politique en cas de défaite : "Vous ne me verrez plus", avait-il alors confié aux journalistes, expliquant qu'il ne se voyait pas animer des réunions UMP. Il l'avait encore confirmé au début de sa campagne, sur RMC. Son entourage reste, toutefois, dubitatif. Le ministre de l'intérieur Claude Guéant voudrait que M. Sarkozy s'engage dans la bataille des législatives. Il en a touché un mot à Henri Guaino, la plume du président, qui a constaté que ce dernier ne le souhaitait pas. Son épouse, Carla Bruni, non plus. Un proche de M. Sarkozy l'assure : "Il ne fera pas la bataille des législatives. Mais la vie est longue. Vous le retrouverez en 2017. "Certains députés craignent que le président sortant ne devienne la mauvaise conscience de son camp, empêchant celui-ci de tourner la page. "Il ne fera pas son Giscard", dit pourtant Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur. Dimanche soir, aux responsables UMP réunis à l'Elysée, M. Sarkozy a livré son testament politique. "Serrez-vous les coudes, leur a-t-il dit, ne vous battez pas ! Je vous demande l'unité et la collégialité. Si vous vous divisez, plus personne n'existera." Le ton était donné. Relations algéro-françaises François Hollande s'est rendu en Algérie en 2009 quand celui-ci était premier secrétaire du PS et député de Corrèze. Au cours de sa visite, il a été reçu par feu Ahmed Ben Bella, premier président de la République après l'Indépendance. Dans une interview qu'il a accordée à une journaliste de France 24, François Hollande se considère comme un ami de l'Algérie avec laquelle la France doit avoir des relations qui doivent être exceptionnelles. Ensuite, parce que «nous avons un présent qui est assez favorable dans les échanges, dans les relations, dans les circulations de personnes, même s'il y a parfois trop de restrictions. Et puis nous avons un avenir. Nous sommes situés géographiquement sur les deux rives de la Méditerranée. L'Algérie et la France sont des pays qui comptent sur la scène mondiale». Hollande parle de liens qu'il faut resserrer et parfois retisser. A l'approche des festivités commémorant le 50e anniversaire de l'Indépendance, les Algériens attendent une repentance. Le nouveau président français avait rappelé par le passé qu'il était temps que la France présente ses excuses pour les 132 ans de colonisation en Algérie. Une promesse qu'on souhaite qu'il tiendra. Devant une mer de drapeaux français mais aussi du monde entier, Il étreint longuement Lionel Jospin, salue Mazarine Pingeot, la fille de François Mitterrand, et fait la bise à son ex-compagne Ségolène Royal. "Hollande président, ça va changer la notion de président", dit la comédienne Josiane Balasko, soutien de longue date des socialistes et de François Hollande. Clémentine Célarié, Guy Bedos, Michel Piccoli sont aussi là. Ils étaient tous là pour fêter la victoire du parti socialiste qui a pris sa revanche une deuxième fois sous la Ve République. Il devrait prendre ses fonctions officiellement le 15 mai après la passation avec le président sortant Nicolas Sarkozy. Il y aura, d'un côté, le secrétaire général de l'Elysée, Xavier Musca, et le directeur de campagne de François Hollande, Pierre Moscovici. Un vote sanction contre Nicolas Sarkozy Un vote de protestation envers Nicolas Sarkozy, plutôt que d'adhésion à François Hollande : 52% des personnes ayant voté pour le socialiste au second tour affirment le faire contre le président sortant, selon un sondage CSA. Ce vote en faveur de François Hollande est d'abord un vote d'opposition contre Nicolas Sarkozy. Une protestation contre Nicolas Sarkozy plutôt qu'une adhésion à François Hollande. Pour les jeunes, même s'il n'a pas le pouvoir de changer grand-chose, il aura eu le mérite de virer Sarkozy. Pour qui ont voté, au second tour, les électeurs de Marine Le Pen et François Bayrou? «Tout d'abord, le report de voix a été très bon à gauche», analyse Yves-Marie Cann, directeur d'études du département opinions à l'institut de sondages CSA. 87% des électeurs au premier tour du candidat du Front de Gauche Jean-Luc Mélenchon se reportent sur le socialiste François Hollande. «La discipline a été respectée. Pour les électeurs de Jean-Luc Mélenchon, il y a un vrai ancrage à gauche», commente le sondeur. Réservoir de voix favorable à Nicolas Sarkozy Un ancrage, qui, pour les électeurs du centriste François Bayrou, se révèle totalement différent. En effet, ils sont 33% à se reporter sur François Hollande et 52% sur Nicolas Sarkozy. «Alors que François Bayrou a indiqué voter, à titre personnel, pour François Hollande, on voit que son électorat vote différemment et garde un ancrage centre droit», explique Yves-Marie Cann. Quant aux électeurs au premier tour de Marine Le Pen, ils votent majoritairement, et sans surprise, pour Nicolas Sarkozy (56 %) plutôt que François Hollande (28 %). Des niveaux des reports de voix qui permettent d'expliquer la défaite de Nicolas Sarkozy, selon le sondeur. «Seul un report de l'ordre de 70% à 80% aurait permis à Nicolas Sarkozy de l'emporter. Or, Nicolas Sarkozy ne bénéficie que de 56% des reports de voix de cet électorat.» L'analyse des votes blancs et nuls, qui totalisent 4,66% des votes des inscrits au second tour, contre 1,52% au premier tour, est intéressante. «Le taux de ces votes triple traditionnellement entre le premier et le second tour. Ce taux, à 4,66 % des inscrits, est quasiment comparable à celui de 2007, mais le nombre de ce type de bulletins enregistrés (2.147.000) constitue un record», note Yves-Marie Cann, de CSA. Le nombre d'électeurs ne se retrouvant pas dans l'offre politique actuelle croit ainsi en nombre en 2012. Report de voix insuffisant des électeurs de Marine Le Pen vers Nicolas Sarkozy Enfin, l'abstention, fixée à 19,66 % des inscrits, selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, révèle deux grands enseignements selon le sondeur : «Le premier, c'est que les abstentionnistes au second tour ne sont pas les abstentionnistes du premier tour. Si la moitié de ces électeurs ne s'est pas déplacée ou a voté blanc ou nul, l'autre moitié a fait un choix.» Si un resserrement des intentions de vote entre les deux candidats a été vu durant les dernières semaines, ce regain a plutôt profité à Nicolas Sarkozy. C'est le deuxième enseignement de l'analyse de cette abstention : «61% des abstentionnistes du premier tour ayant voté au second tour l'ont fait en faveur de Nicolas Sarkozy», indique Yves-Marie Cann. «Le réservoir de voix, qu'appelait de ses vœux Nicolas Sarkozy, existait bel et bien, et il a voté majoritairement pour lui au second tour. Ce réservoir de voix au second tour explique ainsi, pour le premier tour de l'élection, la relative contre-performance de Nicolas Sarkozy.» Nicolas Sarkozy quitte la politique Lorsqu'il réunit son état-major à l'Elysée, dimanche 6 mai au début de la soirée, Nicolas Sarkozy est clair sur son avenir. "Je ne serai plus candidat aux mêmes fonctions", leur dit-il selon le ministre du Travail, Xavier Bertrand. "Cela ne surprendra personne. Je l'ai dit avant. Des propos qui sont confirmés par des conseillers du président de la République, qui rapportent : Il a dit : '"J'arrête la politique."" Plus tard, dans la salle de la Mutualité à Paris, M. Sarkozy n'a pas voulu désespérer les militants, alors que la bataille des législatives s'engage. Il s'est montré plus flou, déclarant : "Vous pourrez compter sur moi pour défendre [nos] idées, [nos] convictions, mais ma place ne pourra plus être la même." Le chef de l'Etat sortant avait annoncé, lors d'un voyage en Guyane, en janvier, qu'il arrêterait la politique en cas de défaite : "Vous ne me verrez plus", avait-il alors confié aux journalistes, expliquant qu'il ne se voyait pas animer des réunions UMP. Il l'avait encore confirmé au début de sa campagne, sur RMC. Son entourage reste, toutefois, dubitatif. Le ministre de l'intérieur Claude Guéant voudrait que M. Sarkozy s'engage dans la bataille des législatives. Il en a touché un mot à Henri Guaino, la plume du président, qui a constaté que ce dernier ne le souhaitait pas. Son épouse, Carla Bruni, non plus. Un proche de M. Sarkozy l'assure : "Il ne fera pas la bataille des législatives. Mais la vie est longue. Vous le retrouverez en 2017. "Certains députés craignent que le président sortant ne devienne la mauvaise conscience de son camp, empêchant celui-ci de tourner la page. "Il ne fera pas son Giscard", dit pourtant Laurent Wauquiez, ministre de l'enseignement supérieur. Dimanche soir, aux responsables UMP réunis à l'Elysée, M. Sarkozy a livré son testament politique. "Serrez-vous les coudes, leur a-t-il dit, ne vous battez pas ! Je vous demande l'unité et la collégialité. Si vous vous divisez, plus personne n'existera." Le ton était donné. Relations algéro-françaises François Hollande s'est rendu en Algérie en 2009 quand celui-ci était premier secrétaire du PS et député de Corrèze. Au cours de sa visite, il a été reçu par feu Ahmed Ben Bella, premier président de la République après l'Indépendance. Dans une interview qu'il a accordée à une journaliste de France 24, François Hollande se considère comme un ami de l'Algérie avec laquelle la France doit avoir des relations qui doivent être exceptionnelles. Ensuite, parce que «nous avons un présent qui est assez favorable dans les échanges, dans les relations, dans les circulations de personnes, même s'il y a parfois trop de restrictions. Et puis nous avons un avenir. Nous sommes situés géographiquement sur les deux rives de la Méditerranée. L'Algérie et la France sont des pays qui comptent sur la scène mondiale». Hollande parle de liens qu'il faut resserrer et parfois retisser. A l'approche des festivités commémorant le 50e anniversaire de l'Indépendance, les Algériens attendent une repentance. Le nouveau président français avait rappelé par le passé qu'il était temps que la France présente ses excuses pour les 132 ans de colonisation en Algérie. Une promesse qu'on souhaite qu'il tiendra.