Hadj Boudjemaâ El Ankis, Boualem Rahma et tant d'autres artistes sont venus saluer sa mémoire et louer son érudition... Ils étaient tous là, famille, amis et proches mais aussi les élèves de Mohamed El Badji pour lui rendre un vibrant hommage à la hauteur de son inestimable personnalité. La salle des fêtes de l'hôtel El Djazaïr étaient pleine de ces hôtes venus lui rendre un ultime au revoir. Parmi ces prestigieux invités, on pouvait reconnaître Hadj Boudjemaâ El Ankis, Boualem Rahma, Zakia Kara Torki et tant d'autres. C'est Saïd, le fils de Mohamed El Badji qui inaugurera cette soirée ramadanesque bien particulière en évoquant son père et retransmise en direct sur les ondes de radio El Bahdja: «Cela m'honore. Mon père n'est pas mort. Il est toujours vivant par ses oeuvres et d'autres travaux qu'il a composés pour de nombreux artistes», dit-il. En effet, Mohamed El Badji a de son vivant composé plusieurs mélodies qui restent aujourd'hui comme un patrimoine inusable à perpétuer. C'est Naïma El Djazaïria, une des voix sûres de la musique classique algérienne qui montera sur scène en premier accompagnée d'un orchestre. Elle interprétera avec beaucoup de finesse et d'émotion Ya maqnine ezine, chanson phare de Mohamed El-Badji qu'il a écrite en prison au temps de la Révolution algérienne. Lui succèdera Réda Doumaz qui confiera à propos d'El Badji: «J'aime parler de lui. Il n'y a personne qui parle du père, du poète distingué qu'il était, du nationaliste et du fin érudit qui maîtrisait la subtilité de la langue. J'ai eu la chance de le rencontrer. Je pense qu'on a deux poètes qui ont écrit des Iliade, Moufdi Zakaria et El Badji» et de préciser non sans tarir d'éloges sur lui: «N'oublions pas qu'il était un condamné à mort. Il a défié la guillotine et toutes les vicissitudes du quotidien à l'époque. Je salue sa mémoire, son courage et la justesse de son verbe». Réda Doumaz fera remarquer à juste titre qu'El Badji puisait son inspiration des ayates coraniques. «C'était un érudit dans le «fiqh». Sa force était le Coran et la langue». C'est une belle reprise, version personnalisée de Ya bahr ettoufan que l'auteur de mal ouateni entonnera avec beaucoup de grâce. Présente lors de cette cérémonie, la nièce d'El Badji, Samira, ne cessera tout au long de la soirée de lancer des youyous de joie et de liesse et de raconter des boukalate pour rester dans le contexte de Ramadan. Parmi les élèves d'El Badji, on notera également Sid Ali Rekam qui dira avoir été éduqué musicalement par El Badji. «Il m'a marqué», avouera-t-il. Sid Ali Rekam reprendra sa fameuse chanson qui plaide la cause palestinienne. Un titre qu'il avait déjà interprétée en duo avec El Badji. La connaissant par coeur, Saïd, le fils d'El Badji n'a pu s'empêcher de venir accompagner Rekam sur scène. Une rencontre inattendue mais fort sympathique. Des poètes, Mohamed El Badji en inspirera beaucoup à l'instar de Yacine Abed qui déclamera un long poème en hommage à notre chanteur révolutionnaire. Nawel Scander fait naître dans la salle une ambiance de fête et de mariage en interprétant un florilège de chansons des plus entraînantes telles Thedet maâk ya kalbi, Ya rayah de Dahmane El Harrachi ou encore Mami choufi halti qui acheva de faire lever de son siège plus d'une femme pour venir se trémousser allègrement en cette belle quaâda ramadanesque. Après le chaâbi, l'andalou et l'oriental, le rythme s'installe encore plus avec le tempo kabyle avec la chanteuse Karima. Mohamed Lamraoui revisitera quant à lui quelques-unes des belles chansons d'El Badji qu'il faut absolument préserver car elles font incontestablement partie de notre riche patrimoine musical : Rouhi ya Dzaïr et adiîli bilkheir yalemima.