Surnommé Khouya El Baz, l'« immortel » Mohamed El Badji, laâziz el ghali, décédé l'année passée à l'âge de 70 ans, a eu ce qu'il méritait de son vivant... un fabuleux spectacle qui a réuni, ce vendredi à la salle Ibn Zaydoun à Riad El Feth, outre sa famille, ses proches et ses amis, un public fabuleux et fort chaleureux. Au milieu d'une salle archicomble, pleine à craquer même, femmes, hommes et enfants applaudissaient au rythme de khlass ; Latektaâ tadjak et Dir Elakkar de l'association El Fen El Acil Des youyous fusaient des quatre coins de la salle. Tout au long des trois heures qu'aura duré ce « spectacle », le public n'a cessé d'ovationner et d'applaudir chaleureusement le maître du chaâbi, H'ssicen Saâdi et son orchestre, membre de l'association El Fen El Acil. Initiatrice de ce spectacle aux côtés de l'apc et du centre de loisir d'El Mouradia, la DJSL de la wilaya d'Alger et l'OREF ont tenu, à être de la partie. Dès l'ouverture, El Fen El Acil avait interprété une touchia, « sika », suivie d'un inkilab, ya kelbi kheli el hal puis ya chabih Dhey El Hilal et Ya Loun El Assel comme insiraf. L'épouse d'El Baz, assise à la première loge, ne pouvait retenir ses larmes face à El Badji aziz Aaliya, une chansonnette composée par l'association El Fen El Acil et interprété majestueusememt par H'ssicen. Ammi Ammar Ouhadda, ami et compagnon du défunt, n'a pu cacher ses larmes. « Mon frère est parti », lâchait-il. Terbouche, maânguer sur sa tête, Ouhadda s'est remémoré les années de guerre et de révolution passées aux côtés d'El Badji. Il relatait, du haut de ses 84 ans, son itinéraire avec El Baz avant de lancer ses mini « sketches » sur La Casbah, El hayek mremma, l'aâjar, El horma et Ettarbouch lamaanguer. L'infatigable Abdelkader Chaou, modeste et toujours égal à lui même a « enflammé » la salle de spectacle en interprétant Dirou el aouali puis Nathadeth maâk ya kelbi, une chanson composée par El Badji pour conclure ensuite avec Ya l'adra fin malik ya lalla. Le public n'a pas pu résister à la « tentation chaou », chantant, dansant aux rythmes de cette chanson. Des youyous fusaient de partout. Kaci « Tizi Ouzou » a marqué sa présence en lançant ses « bêtisiers » et ses « kherdjat » : tin-tan, rin-ran, rif-raf, clic-clac. Kaci T O demandera au public d'avoir une pieuse pensée à sa mémoire. Yassine Ouabed, un jeune poète, a tenu à rendre à sa manière, un hommage à son maître. Un autre jeune, chanteur celui-là, Nacer Aya a interprété plusieurs chansons puisées du répertoire culturel arabo-andalou cher à Mohammed El-Badji. Le spectacle s'est clôturé avec Ya kheir El Anam, Heb Elnassim, Elki Adanek puis Bessalat Ala Mohammed interprétés par l'orchestre El Fen El Acil. Auteur, compositeur et interprète, El Baz était l'un des artistes les plus populaires que l'Algérie ait jamais connut. Sa musique, inspirée du patrimoine culturel arabo-andalou, est vivante dans le cœur des Algériens. « Même si aucun officiel ne s'est présenté aujourd'hui, le public que vous voyez-là a prouvé à tous ceux qui en doutaient que mon père était aimé par tous les Algériens », lâche Saïd le fils aîné d'El Baz. Boudjema El Ankis a raté une occasion en or.