C'est un rendez-vous qui constitue à l'évidence un moment décisif pour la formation de Hocine Aït Ahmed, dont 144 cadres sont menacés de sanctions. Le Front des forces socialistes (FFS) tiendra les 22 et 23 juin une réunion de son conseil national, apprend-on de la direction nationale du parti. Ce rendez-vous constitue à l'évidence un moment décisif pour la formation de Hocine Aït Ahmed, qui est confrontée a une crise interne depuis sa participation à l'élection législative du 10 mai dernier. Cette situation de crise s'exacerbe notamment par le silence observé par la direction du FFS, après les résultats du scrutin législatif, qui sont dénoncés et qualifiés de toutes les dérives autant par la classe politique que par la société civile. Et en dépit des appels incessants de ses cadres pour ouvrir un débat et convoquer un conseil national extraordinaire, la direction du parti a fait la sourde oreille et laissé les feux de la contestation se propager faisant susciter moult interrogations au sein de la base. Cette attitude a d'ailleurs soulevé, note-t-on, des interrogations auprès des cadres et des militants du FFS, repprochant à leur direction une proximité avec le régime, voire des négociations secrètes. Ainsi, des spéculations portant sur l'intégration du FFS au sein du gouvernement et l'éventuelle alliance avec le Front de libération nationale ont été largement répandues. Il a fallu que le FFS soit accusé directement par ses propres cadres d'avoir noué des liens avec des cercles occultes pour qu'enfin la direction convoque un conseil national et reprenne le discours fondamental du parti, après avoir été troqué pour un lexique propre à la langue de bois, «Le pays est menacé de l'extérieur». Contraint de faire preuve d'intelligence politique pour étouffer la crise, le premier secrétaire national du FFS, Ali Laskri, a donc donné son quitus pour la tenue du conseil national, tant attendu par les contestataires, qui aura lieu les 22 et 23 juin. Les contestataires comptent, apprend-on, aborder toutes les questions fâcheuses à l'origine de la crise. Et de poursuivre: «Nous allons nous opposer aux suspensions décidées unilatéralement sans qu'elles soient passées aux commissions de médiation et de discipline» ajoutant: «Nous ne laisserons jamais l'actuelle direction oeuvrer en dehors des fondements du FFS, arrêtés depuis 1963.» Cela est soutenu par les déclarations fracassantes de cadres et militants du parti, ayant même adressé un courrier à leur président Hocine Aït Ahmed, pour lui signifier qu'il y a des déviations politiques commises par la direction. Une direction qui use et abuse de la menace d'exclusion, d'intimidation, mais aussi et surtout qui mène des campagnes d'intox et de désinformation contre des cadres du parti qui osent le débat contradictoire ou qui demandent de débattre des décisions du parti, dites prises à haut niveau. A ce titre, il convient de rappeler que des suspensions ont été d'ailleurs prises par le parti contre Karim Tabbou, ex-premier secrétaire national et actuellement député. Mais aussi contre Samir Boukouir, représentant du FFS à l'étranger et le premier secrétaire fédéral de la wilaya de Béjaïa, Farid Khelaf, qui a contesté dans le fond et la forme la liste des députés de sa wilaya, qui lui a été imposée par la direction sans qu'elle tienne compte des propositions faites par la fédération. Ainsi, des rencontres de cadres et de militants ont eu lieu aussi bien à Tizi Ouzou qu'à Béjaïa pour lancer un «appel pressant» aux anciens cadres du parti «qui sont restés fidèles à la ligne du FFS pour intervenir et ne pas permettre à la direction de brader la ligne politique, l'histoire et le patrimoine du parti». Dans ces rencontres, il y avait pour rappel, des membres du conseil national, des membres du conseil fédéral, des élus locaux et des collectifs d'étudiants et de femmes. Cela explique par ailleurs, les contacts renoués par la base militante avec les anciens premiers secrétaires nationaux du parti, en l'occurrence Mustapha Bouhadef, Saïd Khellil, Ali Kerboua et l'ancien directeur de campagne de Hocine Aït Ahmed durant l'élection présidentielle de 1999. Les auteurs de cette initiative comptent organiser et imposer à leur direction une conférence de tous les cadres du parti pour aboutir à un véritable rassemblement des énergies tel que suggéré par le leader charismatique du FFS.