«Si l'on ne croit pas à la liberté d'expression pour les gens qu'on méprise, on n'y croit pas du tout.» Noam Chomsky C'est demain, le 11 juin, que lancera le journaliste tunisien Ghassen Ben Jeddou sa chaîne satellitaire qui portera le nom d'El Mayadin, en référence aux terrains des Révolutions arabes et couvrir ce qui se passe et rapporter les situations actuelles. Après avoir obtenu une autorisation britannique, c'est finalement à partir de la capitale libanaise, Beyrouth, que l'ancien journaliste d'Al Jazeera va lancer ses émissions. Ben Jeddou a choisi comme slogan de la chaîne: «La réalité comme elle est». Le journaliste Ghassan Ben Jeddou a tenu la semaine dernière une conférence de presse à l'Ordre de la presse à Beyrouth durant laquelle il a annoncé le lancement de la nouvelle chaîne de télévision satellitaire El Mayadine par la fusion de la chaîne Ittihad présidée par le journaliste Naef Karim, en présence de l'ancien député à Issam Naaman, du président du Conseil national de l'audiovisuel, Abdel Hadi Mahfouz, et du président de l'Ordre de la presse, Mohammad Baalbaki. En cette occasion, M.Ben Jeddou a dénoncé la volonté de la Ligue arabe de fermer les télévisions syriennes qui s'expriment sur la désinformation dans le pays. Il a indiqué que «la scène médiatique arabe a une place pour des chaînes satellitaires, notamment à l'ombre des mouvements populaires sans précédents dans la région». Pour lui, cette chaîne a été créée comme une interaction avec la scène des Révolutions et des manifestations arabes, en observation à la résistance populaire à l'occupation et comme une immunité politique face à l'hégémonie. «Ghassan Ben Jeddou sera le P-DG de la chaîne alors que Naef Karim occupera le postei de directeur général. Il a déclaré, par ailleurs, que malgré la présence de 700 chaînes arabes, le marché reste encore ouvert. L'ancien journaliste d'Al Jazeera, Ghassen Ben Jeddou, était considéré comme l'un des journalistes les plus célèbres dans le Monde arabe. D'origine tunisienne et marié à une Libanaise chiite, il était un farouche opposant au régime de Ben Ali. Il quitte la Tunisie en 1990 et devient correspondant du journal Al Hayat en Algérie, en pleine crise politique. En 1995, Ben Jeddou devient correspondant de la BBC à Téhéran. En 2000, il rejoint Al Jazeera et y présente «Hiwar Maftouh» avant de devenir directeur de la chaîne à Téhéran, en 2001, pour diriger, deux ans plus tard, le bureau de la chaîne à Beyrouth. Il est l'unique journaliste à avoir interviewé, le 21 juillet 2006, le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, pendant le conflit israélo-libanais de 2006. En 2011, il démissionne de la chaîne qatarie à cause de la ligne éditoriale et de la couverture de la chaîne des Révolutions arabes. Mais selon certaines sources, c'est en raison de ses relations très étroites avec le Hizbollah libanais qui soutient la répression de Bachar El Assad contre son peuple, que le journaliste a quitté la chaîne Al Jazeera. Après avoir évoqué un arrêt forcé en raison des Révolutions tunisienne et égyptienne, le journaliste a quitté la chaîne pour protester indirectement contre la surmédiatisation des événements en Syrie. Il a contesté le fait qu'Al Jazeera médiatise la Syrie et zappe les événements au Behreïn et au Koweït. Ben Jeddou, qui prétend prôner la liberté d'expression, est mal parti. Rentré en Tunisie 21 ans après avoir été expulsé, il n'a pas souhaité aider la Tunisie à lancer une télévision post-révolutionnaire. [email protected]