Le ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos, a assuré dans un entretien à la presse allemande que son pays allait se sortir «sans aide extérieure» de la crise qu'il traverse, et même en ressortir «renforcé». «Oui, nous allons la surmonter, même renforcés, et sans aucune aide extérieure», a déclaré M. de Guindos au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) à propos de la crise actuelle, alors que la situation financière de son pays est source de forte inquiétude en zone euro et sur les marchés financiers. «Cette année sera difficile», a prévenu le ministre, pronostiquant «moins de croissance et malheureusement encore plus de chômage». «Mais nous jetons les bases pour une année 2013 meilleure», a-t-il dit. Le ministre espagnol a qualifié ce week-end de «non-sens» les propos de Nicolas Sarkozy, qui présentait l'Espagne et la Grèce comme deux contre-modèles économiques.«Un non-sens». Le ministre espagnol de l'Economie n'a pas apprécié, vendredi, que Nicolas Sarkozy fasse un parallèle entre la situation espagnole et celle que connaît la Grèce. Lors d'une conférence de presse, jeudi, le chef de l'Etat avait en effet brandi le cas ibérique comme un repoussoir: «La situation que connaissent aujourd'hui nos amis espagnols après celle qu'ont connue nos amis grecs nous rappelle à des réalités», avait souligné le candidat, afin de convaincre les Français de la nécessité de la rigueur. «Ce grand pays [qu'est l'Espagne] est aujourd'hui emporté dans une crise de confiance», avait-il déploré.L'Espagne n'a pas goûté la comparaison. Le ministre espagnol de l'Economie, Luis de Guindos, a vivement réagi vendredi, jugeant comme «purement électoralistes» les propos tenus par Nicolas Sarkozy. «La situation de la Grèce et de l'Espagne sont complètement distinctes, même si on peut critiquer les politiques menées par leurs gouvernements socialistes respectifs», a estimé ce membre du nouveau gouvernement de droite dirigé par Mariano Rajoy. En France, cette polémique n'a pas échappé au candidat socialiste, qui a raillé, en déplacement à Trappes, un «bel exemple de solidarité européenne». «Quand on a été dégradé, on ne vient pas remettre des médailles de gestion aux uns et aux autres», a fustigé François Hollande.La situation de l'Espagne n'est certes pas aujourd'hui d'une gravité comparable à celle de la Grèce. Cette dernière a eu recours a plusieurs reprises à l'aide internationale, et sa dette a fait l'objet d'une restructuration au début du mois de mars. Mais l'Espagne concentre ces dernières semaines l'inquiétude des marchés. Mercredi, Madrid a placé 2,59 milliards d'euros d'obligations, à des taux en forte hausse. Et ce alors même que le gouvernement venait de rendre public «le budget le plus austère de la démocratie». L'enjeu est d'atteindre un objectif de déficit de 5,3% à la fin de l'année contre 8,5% en 2011, grâce à 27 milliards d'économies. Un objectif que beaucoup d'économistes jugent difficilement tenable compte tenu de l'ampleur de la récession à prévoir en 2012.Les responsables espagnols multiplient les déclarations rassurantes ces derniers temps, et Madrid a annoncé il y a quelques jours un effort de rigueur budgétaire sans précédent, sans toutefois réussir à apaiser les craintes des investisseurs.L'hypothèse d'une contagion de la crise qui a déjà embrasé la Grèce, l'Irlande et le Portugal à l'Espagne inquiète d'autant plus que les mécanismes de sauvetage mis en place par les dirigeants européens ne suffiraient vraisemblablement pas à venir en aide à ce poids lourd économique de la zone euro.L'enjeu est capital: si Madrid devait avoir besoin, comme l'Irlande, le Portugal ou la Grèce, d'une aide internationale, les mécanismes actuels de sauvetage de la zone euro n'y suffiraient probablement pas. R. E.