Dès 10 h, les premiers bénévoles arrivent aux «restaurants du coeur» d'Alger.oe Dans une ambiance chaleureuse, une trentaine de jeunes garçons et filles et quatre cuisiniers, tous des volontaires, se mobilisent chaque jour pour préparer le f'tour aux nécessiteux. Dès 10 h, les premiers bénévoles arrivent aux «restaurants du coeur» d'Alger. Dans l'après-midi, les préparatifs commencent. Une atmosphère de fête règne sur la terrasse et à la cuisine. Avec beaucoup de plaisir, une partie des bénévoles épluchent les légumes. Une manière pour eux de passer le temps mais aussi de rendre service. Un autre groupe, avec une rapidité remarquable, fait la vaisselle. D'autres encore, aussi prestes que les premiers, nettoient les tables du réfectoire. A 16h 30, les premiers démunis commencent à affluer sur la rue Henry. Durant où se situe le comité d'Alger du CRA. Contraints de pointer chaque jour à cet endroit, leurs visages pâles et leurs vêtements usagers reflètent leur triste sort. Au fur et à mesure que les minutes passent, la procession humaine grandit. Il sont de différentes catégories: personnes âgées, adultes et enfants. Mais tous du même statut social : la pauvreté. Des familles entières trouvent refuge dans ce coin doux. Les , elles, peuvent accéder directement au resto sans faire la queue. L'une d'elles, 40 ans environ, assise sur un chaise, relève timidement la tête. Ensuite, elle replonge dans des réflexions profondes. Le temps a eu raison d'elle. Une autre, habituée apparemment de ce lieu, se montre d'une indifférence troublante. Toutefois, le message de son regard innocent cache mal sa mélancolie. A l'intérieur de la cuisine, tout est fin prêt. Pas moins de 400 repas seront servis dans une heure. A voir les scènes de solidarité et le dynamisme des bénévoles afin d'accomplir cette mission humanitaire, il y a de quoi pavoiser. Le pain et l'eau sont déjà sur les tables. Puis, on sert les plats. Enfin, on appelle les nécessiteux à prendre, un par un, leur place. Un brouhaha remplit la salle. Impatients, les pauvres attendent le signal. Il est 17h 53. El Adhan retentit. Le bruit et le vacarme cèdent la place au silence. En quelques minutes, les plats sont vidés. En ce treizièmes jour du Ramadan, le menu proposé se compose de la chorba-fric en guise d'entrée, vient ensuite le plat de chou-fleur agrémenté de viande comme plat du résistance. Et pour terminer, on sert des dattes, du yaourt et un verre de limonade. Les bénévoles, eux, doivent se contenter d'un petit sandwich. Leur tâche n'est pas encore finie. Le restaurant exigu, il est vrai, n'arrive pas à contenir tout ce bureau monde. Ainsi, les derniers arrivés attendent à l'extérieur que les places soient libérées. Quant à la viande, sa quantité, avons-nous constaté, n'est pas satisfaisante. Cela dit, les SDF habitués aux repas froids voire à la faim ne peuvent que se réjouir de ce repas chaud. L'estomac creux, un nécessiteux a pris trois bols de fric. Les bénévoles connaissent parfaitement les habitués de ce restaurant. Avec le temps, une certaine amitié s'est installée entre les deux camps. La chaleur et la joie regagnent les coeurs de ces pauvres ne ce serait-ce que pour un laps de temps. A 19h, tout le monde a rompu le jeûne. Un nécessiteux interrogé avoue avec chagrin: «Je n'ai aucune ressource financière. Sans cette initiative du CRA, je ne pourrais survivre durant ce mois de carême». Une occasion, donc, pour les démunis de s'arracher à une vie impitoyable. Livrés à eux-mêmes, ces derniers réinvestissent les ruelles et places publiques d'Alger. Sans perdre la moindre minute, les bénévoles s'attellent à faire le ménage. Dans ce sens, une adhérente du comité d'Alger déclare: «Nous avons tous les moyens nécessaires, de l'eau courante et des détergents». A 19h 10, le réfectoire ferme ses portes. Une autre journée de Ramadan vient de s'achever. Rappelons enfin que le CRA organise sept points de restauration au niveau de la capitale. Une louable initiative pour atténuer le dénuement des pauvres gens durant ce mois de piété.