[Des législatives françaises marquées par un fort taux d'abstention]Des législatives françaises marquées par un fort taux d'abstention Les socialistes mettent la pression sur la droite qui, dans certaines situations locales, pourrait être tentée par des alliances avec l'extrême droite qui, au cours de ce scrutin, a confirmé son influence. Le président François Hollande sort conforté du 1er tour des élections législa-tives en France, remporté par les socialistes et leurs alliés, et devrait même bénéficier d'une situation quasiment idéale en obtenant une majorité parlementaire sans l'appui de la gauche radicale. Socialiste modéré et réformiste, François Hollande, élu le 6 mai, devrait, sauf surprise, avoir le soutien de la «majorité large, solide et cohérente» à l'Assemblée nationale, qu'il appelait de ses voeux avant le scrutin parlementaire de dimanche. «L'essentiel, c'est que la majorité soit forte pour le président de la République», a insisté hier la patronne du Parti socialiste (PS) Martine Aubry, appelant les électeurs de gauche à ne pas se démobiliser et à confirmer la victoire lors du second tour, dimanche prochain. Les socialistes mettent aussi la pression sur la droite qui, dans certaines situations locales, pourrait être tentée par des alliances avec l'extrême droite qui, au cours de ce scrutin, a confirmé son influence. Selon les projections en sièges réalisées par les instituts de sondages, les socialistes recueilleraient dimanche prochain de 283 à 329 sièges, sur les 577 que compte l'Assemblée. Ainsi, ils auraient à eux seuls la majorité absolue, pourraient même se passer du soutien de leurs alliés de gouvernement écologistes (environ 10 à 15 sièges), et surtout de la gauche radicale. La droite, de son côté, a plutôt bien résisté, mais la concurrence de l'extrême droite lui ôte toute chance de l'emporter sur le fil la semaine prochaine, dans ces élections disputées au scrutin majoritaire à deux tours. Avec ses alliés, le parti UMP (Union pour un mouvement populaire) a recueilli 34% des voix, contre 40% pour les socialistes (environ 35%) et les écologistes (environ 5%). Il peut espérer entre 210 et 263 sièges dans la future Assemblée. L'UMP doit une fois de plus se déterminer face à une extrême droite de plus en plus installée dans le paysage, avec 13,6% des voix et qui pourra maintenir 61 candidats au second tour, dans des duels contre la gauche ou la droite, ou dans des «triangulaires» l'opposant à la fois à la gauche et à la droite. «On ne fait pas d'alliance avec le Front national (FN, extrême droite). Mais est-ce qu'il faut soutenir un candidat de gauche (...), ce n'est pas sûr», a résumé hier le chef de l'UMP, Jean-François Copé. Ainsi, le parti de l'ex-président Nicolas Sarkozy ne semble pas avoir l'intention de retirer systématiquement ses candidats là où une telle décision permettrait de faire battre le FN. Il semble donc exclure l'établissement d'un «cordon sanitaire» étanche autour de l'extrême droite. «J'appelle l'UMP à être claire (...). Je crois qu'il faut être clair quand on défend un certain nombre de valeurs et quand on veut être digne de notre pays», lui a lancé Martine Aubry. Car les socialistes ont de leur côté l'intention de retirer leur candidate, arrivée troisième à Carpentras, dans le Vaucluse (sud), afin de faciliter un succès de la droite face à Marion Maréchal-Le Pen, dernière venue du clan Le Pen. Agée de 22 ans, elle est la petite-fille du fondateur du FN, Jean-Marie Le Pen, et la nièce de sa dirigeante actuelle, Marine Le Pen. Cette dernière est arrivée en tête avec 42% dans sa place forte de Hénin Beaumont (nord) mais elle livrera un duel incertain au Parti socialiste. Le FN pourrait ainsi revenir à l'Assemblée nationale, où il n'avait plus siégé depuis 1988. Mais le mode de scrutin sanctionne son isolement politique, et il peut au mieux espérer trois élus. Marine Le Pen inflige tout de même un cinglant revers à Jean-Luc Mélenchon, le leader charismatique de la gauche radicale, battu à plate couture. Il avait voulu la défier sur son terrain, dans un combat de dimension nationale, mais il ne termine que troisième. Il est éliminé. Sans l'ex-socialiste Mélenchon à l'Assemblée nationale, cette gauche radicale dominée par les communistes, aura plus de mal à peser sur les choix d'un président disposant, sans elle, d'une majorité. François Hollande devrait ainsi avoir les mains plus libres pour réformer à son rythme, alors que la France comme la zone euro est sous la surveillance des marchés et que certaines de ses propositions sur les retraites ou la revalorisation du pouvoir d'achat inquiètent ses partenaires.