[Le FLN s'est donné en spectacle à Sidi Fredj]Le FLN s'est donné en spectacle à Sidi Fredj Le match opposant les contestataires à la direction de Belkhadem tire à sa fin et permettra que le verdict soir rendu. Le FLN est-il à la croisée des chemins? Le scénario d'hier ne dit pas le contraire. La réunion du comité central, programmée à l'hôtel Eriad d'Alger, a levé le voile sur la crise interne, longtemps occultée, par la direction du parti. La famille FLN a montré hier son vrai visage en étalant son sale linge en public. La déchirure qui a laminé la base a atteint le sommet. Le comité central, instance haute du parti, a été pris en otage. La fissure a provoqué une situation de blocage jamais vécue, selon certains militants. «Malgré nos divergences, nous avons toujours réussi à passer le cap», témoigne un ancien militant et responsable du parti, croisé sur place. Pour lui, le parti a perdu ses repères et même ses symboles. «Les intérêts personnels ont pris le dessus au sein du FLN», a-t-il déploré. Le pire est que cette situation intervient, selon lui, à la veille de la célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance. «Le FLN qui a été le moteur de cette révolution se retrouve l'objet de lutte intestinale», regrette notre interlocuteur. Effectivement, le climat de tension qui a marqué la session du comité central a confirmé la déchirure au sein de l'ex-parti unique. Alors que des contacts ont été lancés par le comité des sages depuis des mois pour essayer de réconcilier la famille FLN, en vain. Aucun accord n'a pu être dégagé pour tenir la session du comité central dans la sérénité. Faute de consensus, la session n'a pas pu entamer ses travaux. Le secrétaire général du parti a été empêché de rejoindre la salle pour l'ouverture de la réunion. Les affrontements entre les contestataires et les membres de la direction ont sérieusement perturbé la journée d'hier. Pour les observateurs de la scène politique, le scénario d'hier était prévisible. Devant la revendication des contestataires d'imposer le vote sur le retrait de confiance et l'entêtement de la direction à rejeter cette option, le fossé s'est encore élargi. Jusqu'à hier en milieu de matinée des tentatives étaient menées pour débloquer la situation et tenir la session ordinaire du comité central, mais sans résultat. «Le comité des sages s'est réuni pendant quatre heures avec le secrétaire général du parti sans pour autant arriver à une solution concernant le mode de vote sur le retrait de confiance», a affirmé M.Boudjamaâ Haïchour, membre du CC opposant à l'actuelle direction du parti. Ce comité est composé d'anciens militants et dirigeants à savoir, MM.Affane Kezzane, Abderrazak Bouhara, Mohamed Boukhalfa, Ahmed Sebaâ et Abdelkader Hadjar. Selon M.Haïchour, pour lever la situation de blocage, il y a trois possibilités, à savoir le choix entre le vote à bulletin secret et à main levée ou carrément la démission du SG du parti. Mettant en exergue le fait que le CC est souverain quant à la prise des décisions et choix de méthodes à suivre lors de ses travaux, M.Haïchour a fait valoir la liberté d'expression et la prévalence de la démocratie au sein du parti. Pour les opposants de M.Belkhadem, il n'est pas question que le comité central entame ses travaux sans un accord sur le mode de vote sur le retrait de confiance au SG du FLN. M.Belkhadem va-t-il partir ou pas? Ses opposants sont convaincus qu'ils auront le dernier mot. «Nous sommes majoritaires, c'est pourquoi M.Belkhadem ne veut pas passer par l'urne», a affirmé M.Kara. Pour sa part, El Hadi Khaldi affirme que «le comité central ne lèvera pas la session sans la déchéance du secrétaire général». De leur coté, les pro-Belkhadem se disent majoritaires. Ces derniers comptent demander le départ du bureau politique, lequel a échoué dans sa mission. En tout cas, le match opposant les contestataires à la direction de M.Belkhadem tire à sa fin et permettra que le verdict soit rendu. Qui aura le dernier mot? La réponse sera connue au plus tard demain. les réactions Salah Goudjil «Il y a une crise profonde au FLN» Le coordinateur du mouvement de redressement et de l'authenticité, Salah Goudjil, regrette la situation induite au parti. «C'est malheureux qu'on en arrive à cette situation de blocage», a-t-il déploré en réaction au désordre qui a marqué la réunion du comité central qui n'avait pas ouvert ses travaux hier matin. Contacté par nos soins, cet ancien responsable du parti témoigne que c'est pour la première fois que le comité central du parti n'arrive pas à se réunir. Pour lui, il n'y a plus de doute que le départ urgent du secrétaire général du parti est devenu une nécessité. «Après ce qui vient de se passer, M.Belkhadem ne peut plus régner sur la tête du parti», a-t-il affirmé. L'absence d'un consensus autour de la méthode à suivre pour le retrait de confiance a provoqué une situation de blocage du comité central. Les travaux qui devaient commencer hier matin n'ont pu avoir lieu. Boudjemaa Haïchour «Nous sommes dans une situation de blocage» «M.Belkhadem s'entête et ne veut pas se soumettre à la raison», a déclaré l'ancien ministre des TIC, Boudjema Haïchour. Contacté par téléphone, ce membre du comité central rappelle que le comité des sages était en réunion avec M.Belkhadem durant quatre heures de temps sans pour autant aboutir à un accord. «Nous sommes dans une situation de blocage», a-t-il précisé en faisant allusion au comité central qui n'avait pu entamer ses travaux hier. Pour lui, M.Belkhadem sait qu'il n'a pas les signatures nécessaires pour assurer le renouvellement de confiance c'est pourquoi il refuse d'aller à l'urne. «Le comité des sages a essayé de le convaincre pour éviter la fitna. mais M.Belkhadem veut créer une situation de crise», a-t-il soutenu. Pour M.Haïchour, il n'est pas question que la séance du comité central s'ouvre sans qu'il n'y ait un accord sur le mode de vote par le bulletin secret sur le retrait de confiance. En cas de non-accord, M.Haïchour n'exclut pas que le comité des sages décide de décréter la vacance du poste de SG du partiB. El Hadi Khaldi: «Le comité central ne va pas se lever sans la déchéance du SG» Le ministre de l'Enseignement et de la Formation professionnels, El Hadi Khaldi, reste serein. Malgré son exclusion de la réunion du comité central, il se dit confiant en la position de ses confrères. «Le comité central ne va pas se lever sans la déchéance du SG», a-t-il déclaré hier matin à la presse, après l'échec de sa tentative de participer à la réunion du comité central. M.Khaldi a regretté le fait que la direction du parti ait fait appel à des «baltaguia» pour empêcher des militants du parti de s'exprimer. «Des responsables du bureau politique ont fait des déclarations violentes contre M.Belkhadem mais ils n'ont pas été introduits devant la commission de discipline», a-t-il expliqué allusion faite au député Si Affif. Mohamed Seghir Kara «On va décréter la vacance du SG» «C'est fini, il ne lui reste rien», a déclaré le porte-parole du mouvement de redressement et de l'authenticité, M.Kara à propos du sort de M.Belkhadem. Pour lui, le secrétaire général a raté le coup. «Même si M.Belkhadem accepte de passer par l'urne, c'est trop tard», a-t-il affirmé précisant: «Il n'y aura pas de session du comité central». En refusant l'accès à des membres du comité central entre autre, MM.Kara et Khaldi, M.Belkhadem a été empêché d'entrer dans la salle. Selon le porte-parole du mouvement de redressement, les membres du comité central, à savoir les contestataires qui sont nombreux, sont d'accord pour décréter la vacance du secrétaire général. Abdelkader Hadjar «Le problème sera réglé à l'intérieur de la salle» Coincé à sa sortie de l'hôtel par les journalistes, l'ambassadeur d'Algérie en Tunisie et poids lourd du FLN, Abdelkader Hadjar, a déclaré que «le problème du parti sera réglé à l'intérieur de la salle». Il a ajouté que cette crise n'est pas la première qu'a traversée le FLN. Kassa Aïssi ne décroche pas Le porte-parole du FLN, Kassa Aïssi était injoignable hier. Toutes nos tentatives de prise de contact ont échoué. Devant le tapage qui a marqué l'ouverture de la session du comité central, le porte-parole du FLN n'avait apparemment pas d'explications à fournir.