Même la décennie noire du terrorisme n'a pas empêché le TR Batna de sillonner le pays. Quatre-vingt minutes ont suffi aux comédiens du TRBatna pour traduire les conflits que vivent les scientifiques et les politiques dans notre pays. C'est devant un public béjaoui composé de jeunes, de moins jeunes et de familles, que la troupe de Batna a présenté Alem El Baouche, pièce datant de 1993 mais qui reste d'actualité avec une mise en scène de Azedine Medjoubi. L'oeuvre retrace un conflit né à la suite de la découverte de microbes dans les eaux d'un bain maure par le médecin de la station thermale et le wali de la ville qui n'est autre que son frère. Si le premier défend la santé des populations, le deuxième, pense à l'investissement, aux postes d'emploi, à la renommée de la ville. L'administration, par ses stratagèmes, réussira à gagner la partie malgré l'implication de la presse qui voulait soutenir et divulguer les rapports du médecin. Le public présent ce soir-là n'a pas cessé d'applaudir les tirades des comédiens batnéens à qui il faut rendre hommage lorsqu'on sait que depuis 1987, date de la création de la troupe, celle-ci accumule les distinctions nationales et internationales telles que le meilleur prix d'interprétation à Carthage décerné à Tiar Djamel, le 1er prix d'interprétation à Kamel Zerrara en Jordanie. Au festival d'Annaba, la troupe a été primée pour la meilleure mise en scène. Le théâtre de Batna qui a travaillé avec les grands metteurs en scène du pays, tels Azedine Medjoubi, F.Hadj Ahmed, A. Benaïssa, Fatène El Djerah a sillonné les grandes villes algériennes (Oran, Alger, Béjaïa, Tlemcen...) et du Maroc, de la Syrie, de la Jordanie, de la Tunisie... Le TR Batna qui a dans son répertoire 23 productions partagées entre pièces pour enfants dont on citera Le Petit prince, Mario ou tenine, Djaziret nour et des pièces pour adultes comme Le Prix, Le Diplomate, Achek à Ouicha, Doub. Mais malgré ce répertoire, le TRBatna reste méconnu du large public. Selon les comédiens, cette défaillance est due aux problèmes de distribution, au manque de financement et de promotion. Pour ces comédiens qui n'ont jamais cessé de se produire même durant la décennie noire du terrorisme et qui furent les premiers Algériens à donner une représentation théâtrale à Tamanrasset en 1994, continueront à sillonner les théâtres afin que cet art revive. Quant au public béjaoui qui reprend le chemin du théâtre et qui afflue dans les salles de plus en plus chaque soir, il apprécie l'initiative de la Direction de la culture d'avoir programmé «du théâtre» pour le mois de Ramadan tout en espérant que la relance du théâtre régional de Béjaïa sera elle, effective. On signalera par ailleurs que le TRBatna donne rendez-vous au public de Béjaïa le 15 novembre pour une autre pièce intitulée Edoub.