Le Théâtre régional de Béjaïa a abrité pendant trois jours consécutifs, du 16 au 18 juin, un Colloque international sur la vie et l'oeuvre du poète et intellectuel algérien Jean El Mouhoub Amrouche (1906-1962). Plusieurs conférences-débats ont été au programme de cette importante manifestation, la deuxième du genre après celle organisée l'année dernière au niveau de son village natal, Ighil Ali. Cette rencontre intitulée sous le titre «Printemps des mots», a été organisée par le collectif La Ballade littéraire, le Théâtre régional de Béjaïa et la Ligue des arts dramatiques. Jeté aux oubliettes depuis 50 ans, cet hommage qui intervient à quelques jours de la célébration du cinquantenaire de la disparition de cet être singulier, à la fois poète, journaliste, homme de radio, critique littéraire et patriote, se veut une manière de dépoussiérer la vie de Jean El Mouhoub Amrouche, «non seulement en rappel de l'homme à partir de son oeuvre et de son vécu, mais aussi pour témoigner de la pertinence de son legs et de l'actualité des thématiques qu'il avait abordées, d'une part, et l'occasion par la même de dépoussiérer la mémoire et l'héritage littéraire et politique de l'enfant d'Ighil Ali» d'autre part. Pour la journée inaugurale du colloque, l'honneur était revenu à son fils, Pierre Amrouche, spécialiste en art africain qui a parlé de son père. Parmi les conférenciers qui ont intervenu tout au long des trois jounées du colloque, on citera le témoignage de M.Réda Malek, ancien Premier ministre et membre de la délégation FLN des négociations ayant abouti aux accords d'Evian qui parlera de cet homme qu'il a rencontré pour la première fois à Tunis, Amine Zaoui, écrivain et ancien directeur de la Bibliothèque nationale, abordera une approche culturelle et politique sous le thème de «Jean Amrouche: l'oublié ou le dérangeur?», le Pr Abdelali Merdaci a rappelé, quant à lui, «la posture littéraire et biographie de l'auteur dans l'Algérie coloniale». M.Ali Sayad, anthropologue au Musée du Bardo d'Alger a évoqué le «poète et combattant de la liberté», Hervé Sanson, chercheur en littérature maghrébine, analysera les articles politiques de «cet Algérien qui s'adresse aux Français» et Tassadit Yacine qui a dévelopé le thème «L'Algérie de Jean Amrouche: réalité ou utopie?». Enfin d'autres communicants ont abordé, chacun de son côté, un thème afin de remonter vers la vie de cet illustre homme pour faire connaître aux gens d'ici, en Algérie notamment. On retrouvera parmi eux avec leurs thèmes à développer Dehbia Ammour: «Le lien entre Jean Amrouche et sa mère Fathma Nath Mansour», Tarik Mira: «Relire l'éternel Jugurtha.», Michel Carassou: «Jean Amrouche et la France libre. Des lendemains qui déchantent», Rachid Mendjelli: «Amrouche et l'envers et l'endroit des choses», Madjid Merdaci: «Jean Amrouche, une figure d'intellectuel engagé.», Kamel Daoud: «Et si Jean Amrouche avait un compte Facebook?» et enfin Gilles Manceron: «Jean Amrouche et le monde des lettres françaises, intimité et extériorité». En outre, pour la dernière journée, soit hier lundi, l'activité a été ponctuée la matinée par une sortie à Ighil Ali où une visite de la maison des Amrouche était au programme. Les participants ainsi que les conférenciers une fois sur place, ont exprimé leur soutien pour les habitants d'Ighil Ali, à leur tête l'association Taos Amrouche qui mène un combat sans relâche afin de sauver la maison des Amrouche des intentions de son actuel occupant qui menace, depuis quelque temps, de faire disparaître à jamais ce patrimoine culturel. La cérémonie de clôture dudit colloque devait intervenir hier en début de soirée au Théâtre régional de Béjaïa.