L'art des planches doit devenir virtuel. Mohamed Mihoubi est de cette race d'artistes que ne peuvent contenir des barrières. Il les franchit allégrement au gré de son art, au gré de son inspiration. Insaisissable il passe des planches au cinéma à la chorégraphie avec aisance. Formé à l'école de feu Abdelkader Alloula, il est comme cette flamme inextinguible que ne peuvent éteindre les aléas du temps. Pour cette fois, il rejoue encore «coucou me revoilà». Pour ce Ramadan 2003, il a décidé de frapper un coup pour marquer son retour au monde des planches. Avec son compère, Lakhdar Mansouri, il décide de tenter un one man show. C'est vrai que pour ce genre de spectacle il s'est déjà essayé avec le spectacle «allô président», interprété il y a quelques années, mais cette fois, il a décidé d'innover en montant la trame de son nouveau spectacle «stop» autour d'un ensemble de situations. Le coup est réussi puisque le spectateur est captivé l'espace de 52 minutes, ballotté, pris dans le tourbillon des pérégrinations du héros du spectacle qui a eu la malchance de se retrouver au mauvais moment au mauvais endroit. Transi d'amour, sa dulcinée lui fixe un rendez-vous devant un panneau de stop auprès duquel trône une poubelle. Le décor reste planté et les situations vont s'enchaîner au point où il se retrouve embarqué par la police, soupçonné de préparer un attentat à la bombe. Au texte finement ciselé, Lakhdar Mansouri, le metteur en scène du spectacle «mara-mara» donnera une dimension artistique qui définira un espace où tout l'art de Mihoubi explosera pour séduire un public connaisseur qui est sorti du spectacle, le coeur léger mais la tête pleine. La houle ballottera l'artiste pour le jeter sur le plateau de tournage d'un moyen métrage réalisé par Habib Zehmani «saâlik el arbaâ» (les 4 voyous). Mihoubi campera un rôle à la mesure de son talent dans l'ensemble de ses sketchs qui forment le film produit par la maison Phénix Edition. Les comédiens s'amuseront comme des fous dans cette production qui sera proposée au public dans les prochains jours. «D'ailleurs, dira Mihoubi, elle devrait être proposée à un large public car elle représente un condensé du vécu d'une jeunesse pleine d'espoir mais victime de la mal vie et qui n'a comme capital que sa rage de vivre et ses rêves qui muent pour devenir cauchemar. Habib Zehmani, le réalisateur du film est un diplômé de l'Inadc de Bordj El Bahri qui a déjà à son actif «garsoun oubghatou (garçon mais elle l'aime) et compte donner prochainement le premier tour de manivelle d'une autre production que ses amis qualifient de majeure» harmounya. Mihoubi dira de lui que c'est une valeur sûre du cinéma algérien. Mihoubi qui a exploré le monde des planches en écrivant et en montant des spectacles ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. «Je me suis essayé au théâtre technologique et scientifique et je compte tester le théâtre virtuel pour donner plus de rêve au public», dira-t-il. Avec ses jeunes comédiens de la troupe TTO, il est entré dans une phase de maturation de sa vision nouvelle pour un théâtre nouveau qui brisera le chaîne pour devenir planétaire et toucher toute l'humanité. «Le monde est devenu un grand village et pour permettre aux hommes de communiquer entre eux, il n'y a pas mieux que le théâtre comme langage», avouera Mohamed Mihoubi.