Un voyage dans la tradition musicale palestinienne et l'univers poétique de Mahmoud Darwich a été présenté au public algérois jeudi dans le cadre du 5e Festival international de la littérature et du livre de jeunesse (Feliv). Composé des trois frères Joubran, Samir, Wissam et Adnan au luth et du percussionniste Youssef Hbeisch, le trio s'inscrit dans la continuité de quatre générations de musiciens et d'artisans luthiers. Considérant leurs luths, fabriqués par Wissam Joubran, comme «une arme à brandir face à l'oppression et à l'adversité», les trois musiciens présentent leur musique comme une preuve de «la vie et de l'effervescence de la culture palestinienne», selon Samir Joubran. Sur scène, les musiciens font de chaque morceau une véritable fresque oscillante d'intensité et d'émotion, véritable virtuose du luth, les trois frères établissent un réel dialogue entre leurs instruments appuyé par des expression, faciales et corporelles. En juillet 2008, le trio avait accompagné le poète palestinien Mahmoud Darwich lors de sa dernière apparition publique au Festival «Plein Sud» à Arles (sud-est de la France) avant son décès le 9 août 2008 à Houston (Etats-Unis). A peine un mois après la disparition du poète, le trio poursuit la mise en musique des textes de Mahmoud Darwich. Composée de dialogues et de déclamation enregistrés du défunt poète. Devant un public venu nombreux à cette soirée, la voix de Mahmoud Darwich déclamant ses poèmes, revendiquant son droit à la vie et pleurant sa Palestine natale sur des notes de luth virulentes, a provoqué une vive émotion chez les spectateurs. Honoré d'apporter leur contribution aux célébrations du cinquantième anniversaire de l'Indépendance de l'Algérie Samir Joubran a souhaité quitter la salle Ibn Zeydoun «en laissant une empreinte d'espérance utile dans un monde de frustration et d'oppression». L'oppression, la nostalgie, la soif de paix et de liberté, la lutte et le besoin d'extérioriser ses sentiments étaient palpables dans chaque mouvement du spectacle. Une musique authentique qui jouit d'autant de fluidité, de dialogue instrumental et de liberté que le jazz universalisé. Grâce au talent du percussionniste Youssef Hbeisch, le trio interprète, au luth un morceau intitulé Samaa Kortoba (Ciel de Cordoue) un morceau influencé par le flamenco et inspiré d'une visite en Andalousie. Coïncidant avec la Fête de la musique, ce spectacle aura «transporté le public dans un univers musical et poétique d'une rare intensité» selon des spectateurs qui découvraient le trio. Le concert du trio Joubran aura été le dernier spectacle organisé dans le cadre du Feliv qui se tiendra à Alger jusqu'au 23 juin.