Unanimes, les grévistes déclarent attendre toujours du concret. Loin de satisfaire les enseignants grévistes, la décision du gouvernement d'augmenter le salaire des PES de 5000 DA a suscité le mécontentement voire le rejet au sein de la corporation. Unanimes, les grévistes déclarent attendre toujours du concret. A Alger, au lycée Omar Ben El Khettab, un professeur dira: «La source qui a annoncé cette augmentation me semble crédible. Pour l'instant, on n'a rien reçu. L'essentiel pour nous, c'est d'aller vers des négociations entre la tutelle et nos représentants». Même son de cloche au lycée de La Croix où une enseignante annonce : «J'ai entendu l'information à la radio. On attend du concret. Si la revendication salariale est satisfaite, il est fort probable que nous reprendrons les cours. Les deux autres revendications demandent, nous le savons, du temps. Il faut que le ministre de l'Education reçoive nos délégués pour débloquer cette situation». Au technicum Ibn El Haythem, les réactions des enseignants rejoignent celles de leurs collègues. Catégoriquement, une professeur indique: «On est contre le principe-même. Les PES, initiateurs de la grève, se voient marginalisés par la tutelle. Après plus de deux mois de débrayage, voilà la Fnte qui négocie avec les responsables. Cela dit, notre revendication consiste en une augmentation de 100% et non en la mesure annoncée, hier, par les médias». Plus loin encore, notre interlocutrice souligne: «Même si la revendication salariale est totalement satisfaite, on n'arrêtera pas automatiquement la grève. Cela se fera après les assemblées générales qui se tiendront dans les établissements». La même enseignante précise: «La Fnte a été, au début du débrayage, non seulement contre mais elle a mené une campagne de désinformation au sein des lycées pour casser le mouvement de protestation. Donc, la grève décidée par la Fnte dans les prochains jours ne nous concerne ni de près ni de loin». A Oran, les enseignants rencontrés aux alentours du lycée Lotfi se déclarent toujours mobilisés pour faire aboutir leurs revendications. Selon eux, cette augmentation de 5000 DA vise à éluder l'essentiel des revendications qui sont autrement plus importantes.«Certes, dans notre plate-forme de revendications, il existe des aspects sociaux, mais n'en retenir que le côté relatif aux salaires équivaut à nous jeter en pâture à l'opinion publique», diront des délégués de la Cnapest. D'autres enseignants aux propos plus nuancés parlent d'un jeu perfide de la tutelle. Le problème a été évoqué au mois d'avril 2003, mais la tutelle l'a complètement ignoré. Au lieu de verser dans ce vil marchandage, les pouvoirs publics auraient dû faire preuve de raison en invitant les représentants des enseignants pour des négociations globales. Sans ambages, les enseignants de l'Usto et de Castors considèrent cette augmentation comme une insulte pour la corporation. «La grève ne saurait être cassée par ce genre de procédés», déclarent-ils. A Béjaïa et Tizi Ouzou, cette dernière mesure du gouvernement a laissé les PES sur leur faim. Ainsi, pour ceux qui misent sur l'essoufflement du mouvement de protestation des PES, la décision de la tutelle a eu l'effet d'un coup d'épée dans l'eau. Le durcissement du mouvement n'est pas à écarter dans les prochains jours.