Le Cinquantenaire, un événement controversé Si l'on devait se féliciter du nombre acquis de films (44 oeuvres) on ne peut que rester, par contre, dépité devant les cris de certains producteurs qui se sentant lésés, accusent la ministre de la Culture de «favoritisme». Mais qui sont-ils? A quelques jours de la célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance nationale, la ministre de la Culture, Khalida Toumi, a divulgué samedi sur les ondes de la Chaîne III de la Radio nationale, les grandes lignes du programme arrêté par son département devant se tenir durant toute une année (4 juillet 2012 - 4 juillet 2013). Un programme dont on ne connaît pas encore faut-il le noter le détail seulement les grands axes. Ce programme qui brassera tous les secteurs de la culture a-t-elle rappelé, a démarré, «avec l'accord du Premier ministre», avant le 5 juillet 2012 dans le cadre du Feliv (Festival de la littérature et du livre de jeunesse). Côté cinéma, ça commence, d'ores et déjà, mal pour le département de Khalida Toumi, car si on devait se réjouir et se féliciter du nombre acquis de films proposés (44 oeuvres dont 11 longs métrages, 20 films documentaires et 13 documentaires sur le patrimoine immatériel), on ne peut que rester dépité surtout devant la débâcle qui s' annonce. Si le Cinquantenaire aura fait sans doute des heureux, beaucoup de voix se sont élevées récemment pour crier leur mécontentant et dénoncer ce qu'ils appellent «le favoritisme» de Khalida Toumi. En effet, 30 producteurs et réalisateurs cinématographiques dénoncent le «parti pris flagrant» du ministère de la Culture dans le choix des projets long métrages et films documentaires pour le Cinquantenaire de l'Indépendance. (liste dévoilée sur le site du ministère de la Culture, nous y reviendrons, Ndlr). Les contestataires qui restent anonymes, faut- il le noter, (on voudrait bien qu'ils réagissent ouvertement) restent perplexes devant la sélection de producteurs qui, selon eux, sont «inexpérimentés, inconnus dans les rangs des professionnels du 7e art». «Des sigles de sociétés apparaissent pour la première fois publiquement, et alors qu'une filmographie était préalablement exigée, les noms des porteurs de leurs projets ne bénéficient, à première vue, d'aucune notoriété dans l'activité audiovisuelle et cinématographique», fait-on savoir. Et de dénoncer surtout le manque de transparence dans le travail de la commission chargée de l'étude des dossiers. Un point sensible, effectivement, signalé à maintes reprises au sein de la corporation du 7e art. «La composition de cette commission n'a pas été publiée officiellement et la question suivante se pose: si dans le respect de la qualité de l'ensemble de ses membres, des historiens spécialistes du Mouvement national ont bien participé de façon prépondérante aux travaux. «Quelle crédibilité donner au secrétariat de la commission si des dossiers sans scénario - donc incomplets - ont été réceptionnés, l'accusé de réception faisant foi?» s'indignent-ils. Un tohu-bohu qui risque d'éclabousser le sentiment de fête, mieux, de ternir le secteur du cinéma déjà fragilisé de l'intérieur, et si les professionnels, entre eux, se tiraient dans les pattes... Des griefs en tout cas légitimes, connaissant la gabegie qui régente ce secteur, hélas, et qui n'en finit pas de se mordre la queue. Dans sa poursuite du programme des festivités du 5 Juillet, en outre, Khalida Toumi a aussi annoncé au micro de la Chaîne III, la tenue d'une tournée, sur une année, de ciné-bus ainsi que la numérisation et le tirage de copies de films produits durant la Révolution et dans les années 1970. Au volet éditorial, la ministre a prévu un programme d'aide à l'édition au profit de 1001 titres ainsi que le placement de la prochaine édition du Salon international du livre d'Alger (Sila) sous le signe de «50 ans d'édition algérienne». La Bibliothèque nationale, au titre de la préservation de la mémoire nationale écrite prévoit une opération d'acquisition de livres traitant de la Guerre de libération et de l'Algérie post-indépendance, édités à l'étranger, en France, et dans les pays arabes, notamment. Par ailleurs, pas moins de 50 pièces de théâtre seront produites dont 30 par les théâtres régionaux et 20 par des associations et des troupes de théâtre amateur. Un hommage sera rendu à la troupe du Front de libération nationale (FLN) et au dramaturge Kateb Yacine par la production de certaines de ses oeuvres. Les musées d'Algérie prévoient un minimum de deux expositions «spécial Cinquantenaire», en plus d'une exposition, fin 2013, d'artistes internationaux ayant soutenu la Révolution algérienne, entre autres. Outre la grande fresque musicale conçue par le Libanais Abdelhalim Caracalla (remettant au placard un Safy Boutella- dont le travail scénique et musical, exigeant de qualité pour ce genre événementiel n'est plus à présenter- car son budget proposé a été jugé excessif par le ministère de la Culture) et prévu au Casif de Sidi Fredj (remis à neuf avec une scène agrandie) dans la nuit du 4 au 5 juillet. Un concert non-stop sera également organisé à l'esplanade de Riad El Feth. La même nuit, des concerts sont aussi prévus dans neuf wilayate du Grand Sud. Pour l'année 2012 uniquement, le programme compte pas moins de 160 spectacles et 25 pièces de théâtre produites antérieurement, le tout mobilisant 1500 artistes. Aussi, la célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance de l'Algérie prévoit, également, des manifestations culturelles en France et en Suisse par le biais de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), l'Office national pour la culture et l'information (Onci). Seize spectacles, en tout, sont prévus entre le 29 juin et le 10 juillet 2012 dans les consulats d'Algérie dans ces deux pays. Un grand gala sera organisé le 5 juillet à Paris, au titre de ce programme. Et cela ne va pas s'arrêter-là..