Pas de place pour les faibles, les costauds sont là où les demi-finales de cette compétition s'annoncent tout simplement explosives. Le premier tour avait laissé peu de place aux surprises, avec les Pays-Bas comme seul favori à passer par-dessus bord, et les quarts de finale l'ont confirmé: la loi du plus fort règne dans cet Euro 2012 avec l'Espagne, l'Allemagne, le Portugal et l'Italie comme demi-finalistes haut de gamme. L'Espagne, championne du monde et d'Europe, est toujours en course pour un troisième titre majeur d'affilée, ce qui serait un exploit unique. Mais l'impression reste mitigée. Après celui encaissé en ouverture contre l'Italie (1-1), les Espagnols n'ont pas concédé le moindre but face à l'Eire (4-0), la Croatie (1-0), et la France (2-0) en quarts de finale. Mais dans le jeu offensif, la Roja est loin d'être aussi impressionnante que ses devancières et son pouvoir de séduction a considérablement faibli. Implacable et maîtrisée de bout en bout, sa victoire face à des Français sans solution a souvent ennuyé et l'Espagne devra se montrer moins comptable de ses efforts si elle veut battre le Portugal mercredi à Donetsk. Le Portugal, justement, a impressionné en ne laissant pas l'ombre d'une chance à une République Tchèque dépassée dans tous les domaines. Dans les duels notamment, aériens ou au sol, son adversaire n'a pas existé. Le score est étriqué (1-0) mais la domination des Portugais a été constante et à aucun moment les Tchèques n'ont pu les faire douter. Plutôt solide en défense, travailleur au milieu de terrain et inspiré par Cristiano Ronaldo en attaque, le Portugal peut viser haut. Plus qu'en Espagne, c'est en Allemagne qu'est le beau jeu. Trois victoires dans le «groupe de la mort» avaient donné le ton et les Allemands ont poursuivi sur la même bonne note face à la Grèce 4-2. Après avoir ouvert le score, les joueurs de Joachim Löw se sont brièvement déconcentrés et ont laissé les Grecs revenir à 1-1. Il leur a fallu très peu de temps pour se rappeler qu'ils étaient beaucoup plus forts et 20 minutes seulement pour marquer trois buts. Une réaction de favoris. L'Italie est éternelle. La Squadra Azzurra l'a encore prouvé en venant à bout de l'Angleterre aux tirs au but dimanche (0-0 a.p., 4-2 t.a.b.). Malgré une phase de poule poussive (1-1 contre l'Espagne, 1-1 contre la Croatie, 2-0 contre l'Eire), en dépit d'une préparation perturbée par le scandale des matches truqués, qui a valu une descente de police au centre d'entraînement national, les coéquipiers de Buffon, encore impérial face aux Anglais en arrêtant le penalty d'Ashley Cole, retrouvent les demi-finales d'un Euro après 12 ans de disette. Comme en 2006, comme en 1982, elle semble se nourrir de l'adversité pour avancer. En laissant Gomez, Müller et Podolski sur le banc face aux Grecs, Löw a montré la richesse du groupe allemand. Tous ont été bons face à la Grèce, mais on signalera les remarquables performances du capitaine Lahm, latéral buteur, et de Khedira, milieu hyper-complet, lui aussi buteur. Côté espagnol, la question de l'attaquant n'est toujours pas tranchée et ce sont donc aussi des joueurs défensifs que l'on mettra à l'honneur. Ramos et Piqué ne s'apprécient pas, mais cela ne les a pas empêchés de maîtriser sans peine une attaque bleue où Benzema a confirmé sa faillite (aucun but). Quant au milieu Xabi Alonso, il a fêté sa 100e sélection par un doublé. Ronaldo est en mission. L'objectif collectif d'un premier titre majeur pour le Portugal se conjugue à son ambition personnelle de décrocher le Ballon d'Or et cela semble le transcender. Après un match énorme face aux Pays-Bas, «CR7» a récidivé contre les Tchèques avec un troisième but dans le tournoi. Techniquement au-dessus du lot, il est physiquement sans égal à son poste. Si l'Italie attend toujours beaucoup du turbulent prodige Mario Balotelli, elle peut compter sur deux valeurs sûres, le milieu Andrea Pirlo et son équipier à la Juventus Turin, Gianluigi Buffon. Pirlo, architecte du jeu italien, a encore été à la baguette dimanche face aux Anglais et s'est permis une panenka osée mais géniale pendant la séance de tirs au but juste après l'échec de Riccardo Montolivo. Buffon, capitaine exemplaire, a arrêté d'un réflexe de la main un tir de près de Glen Johnson, avant de stopper le tir au but d'Ashley Cole.