Au terme d'un superbe match, l'Italie s'est qualifiée pour les demi-finales de l'Euro en dominant l'Angleterre aux tirs au but (0-0, 2-4 tab). D'entrée, les Azzurri faisaient se soulever le stade olympique de Kiev. Des 30 mètres, De Rossi déclenchait une reprise de volée du gauche qui échouait sur le poteau. Hart était battu ! Dans la foulée, Buffon réalisait une parade sensationnelle devant Johnson alors que tout le monde voyait déjà la balle au fond des filets. Quel début de match ! De la tête, Rooney se montrait ensuite très dangereux. Puis c'est Balotelli qui se procurait une grosse occasion, mais l'attaquant de City tardait trop et Terry revenait sauver son camp. Le ballon allait véritablement d'un but à l'autre durant cette première période. Buffon était ensuite tout heureux de voir une frappe de Welbeck fuir la lucarne d'un rien, avant une dernière grosse opportunité pour Balotelli, encore manquée. Après une première période de toute beauté, la rencontre repartait sur le même rythme en deuxième mi-temps, avec une occasion énorme vendangée par De Rossi. Puis Hart réalisait deux parades avant un autre raté, de Montolivo cette fois. Incroyable... En fin de partie, c'est Johnson qui sauvait les Three Lions devant Nocerino ! Malgré de nombreuses situations chaudes, les Anglais, largement dominés, tenaient bon jusqu'à la prolongation, durant laquelle Hart était encore sauvé par son poteau sur un ballon enroulé de Diamanti. Quel manque de réussite pour la Squadra... Et quand Nocerino trouvait enfin la faille, l'Italie était hors jeu. Les deux équipes se départageaient finalement aux tirs au but. Si Montolivo manquait le cadre, derrière, Young trouvait la barre puis Buffon stoppait le tir de Cole. Diamanti se chargeait d'envoyer les Italiens en demi-finale (0-0, 2-4 tab). Une qualification plus que méritée pour les Transalpins. Le signe indien : L'Angleterre maudite aux tirs au but Décidément, l'Angleterre n'aime pas les tirs au but. Eliminée au bout du suspense par l'Italie, hier, dimanche, en quarts de finale (0-0, 2 tab 4), elle présente un bilan désastreux dans cet exercice avec une seule victoire pour... six défaites. Au Mondial-1990, l'Allemagne, victorieuse en demi-finale (4 tab 3) avait profité des ratés de Pearce et Waddle. Même adversaire et même sanction en demi-finale de l'Euro-96, avec le triomphe de la Nationalmannschaft (6-5, échec de Southgate). La malédiction se poursuit lors de la Coupe du monde-1998 avec le succès de l'Argentine en huitième (4-3, échecs d'Ince et Batty). Même scénario à l'Euro-2004, où Beckham et Vassell avaient été malheureux en quarts contre le Portugal (6-5), et au Mondial 2006, également en quarts (3-1, échecs de Lampard, Gerrard et Carragher). Cette fois, Young et Cole ont respecté une tradition qui colle aux crampons des Anglais. Le seul succès arraché aux tirs au but par l'Angleterre remonte donc à l'Euro-96. Les coéquipiers de Gascoigne avaient alors écarté l'Espagne (4-2). C'était également en quarts. Le geste : La panenka de Pirlo Si l'Italie s'est hissée en demi-finales de l'Euro, elle le doit en grande partie à Andrea Pirlo. Eblouissant depuis le début de la compétition, l'architecte italien a régalé contre l'Angleterre, osant une panenka lors de la séance des tirs au but. Mais quelle mouche a piqué le Milan AC l'été dernier ? Les dirigeants milanais ont peut-être commis leur plus grosse erreur de gestion en laissant Andrea Pirlo quitter le club gratuitement. Après avoir offert le titre de champion à la Vieille Dame, Pirlo s'est envolé en Pologne et en Ukraine pour achever sa saison comme il l'a débutée : au top niveau. A 33 ans, le milieu turinois emmène la Squadra Azzurra vers les sommets européens. Cerveau, architecte, magicien : les superlatifs ne sont pas de trop pour qualifier Pirlo durant cet Euro. Discret dans les médias et bosseur acharné aux entraînements, Pirlo a crevé l'écran à Kiev. Les statistiques restent le meilleur moyen pour évoquer le match de la star italienne : 7 minutes de possession de balle, 172 ballons reçus, 22 interceptés, 129 donnés et seulement 28 perdus. Des chiffres à rendre jaloux Xavi et Iniesta... Dans son rôle souvent ingrat, Pirlo a réussi l'exploit de ne commettre aucune faute, pour trois obtenues. C'est dire avec quelle propreté il travaille. Mais l'intéressé a réservé le clou du spectacle lors de la séance de tirs au but. Alors que l'Angleterre menait 2-1 suite au raté de Montolivo, Pirlo a réalisé le geste de l'Euro : une panenka parfaitement réalisée. L'ancien du Milan AC a gardé son sang-froid pour exécuter parfaitement un geste très difficile. Résultat, un Joe Hart couché et une Italie qui a retrouvé le sourire. Inconsciemment, ce geste de très grande classe a déstabilisé les Anglais. Et les échecs des deux Ashley, Young et Cole, ont permis à l'Italie de composter son ticket pour les demies. Grazie Pirlo ! Les artisans : Merci Buffon et Diamanti ! Auteurs respectivement de l'arrêt et du tir au but décisifs qui ont qualifié l'Italie, Gianluigi Buffon et Alessandro Diamanti avaient de quoi être fiers de leurs performances. Seulement cinq ans les séparent même si tout les oppose sur leur CV. L'un est gardien et a déjà tout gagné, l'autre est attaquant et a encore tout à prouver. Pourtant hier soir à Kiev, leur joie était la même. Si l'Italie est aujourd'hui qualifiée pour les demi-finales de l'Euro, c'est en grande partie grâce à eux. Auteur d'un arrêt déterminant dans la séance fatidique contre l'Angleterre (0-0, 4 tab à 2), Gianluigi Buffon (34 ans, 118 sélections) est un habitué de ces moments de grâce. C'est en revanche une grande première pour Alessandro Diamanti (29 ans, 3 capes), qui a marqué le tir au but décisif. L'attaquant de Bologne avait d'ailleurs encore du mal à réaliser après la partie. «Je suis content d'être celui qui qualifie mon pays, a-t-il bredouillé. Je n'ai pensé qu'à marquer, a-t-il ajouté, puis à courir vers Buffon». La hargne Prandelli : «Nous avons joué avec le cœur» «Nous avons joué un gros match, nous méritons de gagner, lance-t-il. Mes joueurs ont été les plus forts. Contre une équipe comme l'Angleterre, il fallait être patients. On s'est procuré beaucoup d'occasions. Et puis, dans une séance de tirs au but, il faut avoir de la chance. Ils ont été forts, bravo ! Ce soir, nous avons joué avec notre cœur. Mes joueurs ont joué de façon extraordinaire contre une équipe difficile à affronter et nous sommes très satisfaits de ce match». L'attitude Hodgson : «Nous rentrons au pays la tête haute» «Nous avons perdu aux tirs au but, nous pouvons rentrer à la maison la tête haute, le pays est fier de nous, a lâché le sélectionneur anglais au micro de la BBC. Les deux équipes ont eu des occasions. En prolongation, ils ont eu les meilleures occasions et j'ai alors pensé qu'il serait peut-être mieux qu'ils marquent un but et que nous n'allions pas aux tirs au but. Un jour, l'Angleterre se fera à nouveau une place parmi les meilleurs. C'est juste une question de temps, si ces joueurs montrent la même détermination. Je ne peux pas les blâmer pour leurs efforts, je pense que nous avons été magnifiques, mais à la fin, ils n'avaient plus de jus». Le réconfort De Rossi : «Cela aurait été injuste de sortir» Comme ses coéquipiers, Daniele De Rossi savourait la qualification obtenue par l'Italie pour les demi-finales de l'Euro aux dépens de l'Angleterre (0-0, 4-2 tab). Une qualification amplement méritée à la vue du niveau de jeu proposé par la Squadra Azzura, selon le milieu de terrain. «Cela aurait été injuste de sortir ce soir. On continue sur la voie qu'on a commencé à tracer il y a deux ans déjà, avec un jeu au moins aussi bon que celui des autres grandes équipes, exception faite de l'Espagne peut-être, a lancé le joueur de la Roma. On s'est créé un nombre d'occasions incroyable mais de toute façon, quand vous jouez comme nous ce soir, à la fin vous gagnez, c'est obligé». Il faudra toutefois se montrer plus efficace devant l'Allemagne jeudi prochain. L'amertume Gerrard : «Un crève-cœur» Eliminé de l'Euro par l'Italie, le capitaine et milieu de terrain anglais Steven Gerrard ne masquait pas sa déception, même si, «on peut partir la tête haute. Mais il n'empêche que c'est un crève-coeur. J'ai mal pour les joueurs parce qu'ils se sont donnés à fond. J'espérais avoir un peu de chance pour une fois, mais c'était écrit. Aux tirs au but, quand on est devant, on espère que ça va tenir. Mais bravo à eux, ils ont été fantastiques et ils ont eu la chance qu'il fallait».