50 ans après l'Indépendance nationale, ce sont les étrangers qui écrivent et enseignent l'histoire de notre pays «On doit dire toutes les vérités sur l'histoire, afin de permettre aux générations à venir de tirer des leçons et d'éviter les erreurs du passé.» L'historien Mohamed El Korso secoue les esprits dormants. Abordant avec force, la problématique de la réhabilitation de la mémoire collective de la Révolution algérienne en particulier et millénaire de manière générale, cette icône des intellectuels algériens a indiqué hier que «l'histoire est une science et un travail de recherche continu. Elle ne fait pas partie du charlatanisme politique». M.El Korso a ajouté qu'«on doit dire toutes les vérités qu'elles soient bonnes ou mauvaises courageusement et ce, afin de permettre aux générations futures de tirer des leçons du passé et d'éviter ainsi, les cassures et les divisions à l'avenir», a-t-il lancé, hier, lors d'une conférence de presse à l'établissement Art et Culture d'Alger-Centre. S'exprimant à l'occasion de la célébration du Cinquantenaire de l'Indépendance nationale, Mohamed El Korso, qui n'est plus à présenter, répond au sujet du Cinquantenaire de l'indépendance nationale «De quel Cinquantenaire parle-t-on?». Il y a 60 tonnes d'archives à récupérer de France. 50 ans après l'Indépendance nationale, ce sont les étrangers qui écrivent et enseignent l'histoire de notre pays, en se basant sur des archives réelles. Ces archives appartiennent aux Algériens et non pas aux colons et autres pays qui les détiennent illégalement, rappelle-t-il. «Le régime du parti unique FLN a réussi à créer la ségrégation entre Algériens en 50 ans. Ce que les colons français n'ont pas fait pendant 130 ans de colonialisme obscur», a-t-il regretté, tout en ajoutant que «chacun est responsable de ses actes et de son parcours devant l'histoire et le peuple». Jusqu'à présent, les Algériens sont obligés d'aller à l'étranger pour connaître l'histoire de leur pays. Tous les documents d'archives que nous avons actuellement sont récupérés de la Turquie, selon Mohamed El Korso. «En l'état actuel des choses, ce sont toutes les institutions de l'histoire qui existent en France. Pas seulement les documents qui nous intéressent», a argumenté le conférencier. Les différentes lettres et courriers des gouverneurs d'Algérie à l'époque, appartiennent aux Algériens non pas à la France, a-t-il martelé. Intraitable sur le déni de l'histoire, Mohamed El Korso a qualifié la loi du 23 février 2005 qui a été adoptée par le Parlement français de «blanchiment de l'histoire». «Des politiciens et des officiers impliqués dans la Guerre d'Algérie, veulent perpétuer la pensée et la culture colonialistes», fait-il savoir. Cette loi (23 février 2005), n'est autre que «le blanchiment de l'histoire pour faire oublier le passé colonial en Algérie», a déploré cet historien qui ne mâche pas ses mots. «Les historiens sont des peureux. Ils ne disent pas toute la vérité. C'est pour cela qu'il y a tant de vérités cachées», a-t-il regretté. Le colonialisme a donné des surnoms aux Algériens. Les colons ont débaptisé les noms originels et originaux des villes et villages du pays. «Maintenant, les colons continuent de confisquer les archives afin de nous empêcher de connaître notre histoire afin de perpétuer la culture et la pensée colonialistes 50 après l'indépendance du pays», s'indigne le conférencier. Au sujet de l'élection de M.François Hollande à la présidence française, en 2012, Mohamed El Korso a souligné qu'il ne doute pas de la bonne volonté de M.François Hollande, «mais, je dénonce le colonialisme, même si le discours du président français est apaisant», dit-il. Tant que l'Algérie n'a pas récupéré toutes ses archives, la politique et la culture colonialistes seront toujours présentes, accuse-t-il encore. S'agissant du projet de loi sur la criminalisation du colonialisme français en Algérie, l'historien a déclaré en substance que «l'Algérie est très, très en retard. Elle aurait dû le faire depuis bien longtemps. L'Association 8 Mai 1945, l'a déjà réclamé bien avant», a-t-il souligné. Visiblement très peiné par la trahison et la mesquinerie de nationaux qui ont trahi la mémoire collective de la Révolution et ce, rien que pour garder des privilèges au pouvoir et le pays colonisateur qui n'a toujours pas restitué les archives à l'Algérie, Mohamed El Korso avertit: «Il faut s'attendre à un autre 1er Novembre de la génération post-indépendance pour réclamer la décolonisation de l'histoire.»