Ce type d'événement est un phénomène récurrent Les résidents de cette cité de Gué de Constantine ont vécu une nuit d'une incroyable violence. Aïn El Melha ne sera plus jamais comme avant si les autorités ne réagissent pas dans l'immédiat. Sur place, tout donne l'image d'une cité qui a vécu... une guerre! Que s'est-il passé au lotissement Aadl 1516 logements de Aïn El Melha (Gué de Constantine)? Les résidents de cette cité ont vécu dans la nuit de dimanche à lundi une incroyable violence. Un gang d'environ 60 jeunes, habitant un quartier voisin, a fait basculer cette cité dans un vrai terrorisme. Débarquant au début de la soirée, ces jeunes en furie étaient déterminés à livrer une guerre contre un autre gang et tout détruire sur leur passage. Munis d'armes blanches de tout type: sabres, machettes, couteaux, hachoirs et autres, le gang a perpétré des attaques au coeur de la cité créant un vrai climat d'enfer. «Moi, en tant qu'homme, j'ai tout éteint: électricité, gaz, eau... on s'est caché », raconte une résidant. Tout a commencé dimanche vers 13 heures quand un dealer dénommé «W.Chicoulat», régnant sur le parking de la cité, a poignardé un jeune. Ensuite, ce même dealer a rameuté tout un gang d'un quartier de Bachdjerrah pour se prémunir contre d'éventuelles représailles. Seulement voilà, le gang ainsi rameuté se rend compte que la personne poignardée fait partie des siens. Et c'est alors qu'ils se retournent contre «W.Chicoulat», en débarquant dans la soirée, le poignardant à son tour... et c'est le feu aux poudres. Environ dix véhicules ont été renversés et 40 autres saccagés et pillés, les fenêtres des immeubles cassées, les devantures et rideaux de magasins arrachés... Une scène de violences hallucinante. «Nous somme livrés à nous-mêmes!», témoigne, encore choquée, une dame médecin résidente de la cité. «Nous avons vécu des scènes horribles. Des femmes et des enfants apeurés criaient des balcons. Les vitres volaient en éclats. Des bagarres éclataient entre les assaillants et les jeunes qui essayaient de défendre leur cité. C'était l'enfer», poursuit-elle. Jusque-là, les services de sécurité, la police et les gendarmes ne sont intervenus que deux heures plus tard. «Nous avons appelé la gendarmerie vers 22 heures et ils ne sont venus que vers minuit», témoigne un résident. «Comme ce sont les malades et les handicapés qui occupent les rez-de-chaussée et premiers étages des immeubles, ce sont eux qui ont encaissé en premier un tel terrorisme. Ils ont vu leurs fenêtres et portes détruites», témoigne-t-on sur place. En effet, ces voyous ont tout vandalisé. Pour tous ceux que nous avons rencontrés sur place, la réponse est la même, ils se sentent simplement abandonnés par l'Etat face à cette forme de délinquance. Aujourd'hui, la cité de Aïn El Melha est une de ces nouvelles cités-dortoirs, où violence et trafics en tous genres prolifèrent dangereusement. Le constat est là, les services de sécurité sont quasi absents. Les affrontements entre bandes, pour l'exploitation notamment des parkings et le contrôle du trafic de drogue font basculer Aïn El Melha depuis plusieurs mois dans des guerres des gangs. «Madame le Maire en tant que premier magistrat de cette commune doit aujourd'hui assumer sa responsabilité et assurer la sécurité dans cette cité», a tonné un résident pris de rage. Pour lui, «il s'agit là d'une atteinte aux biens des individus et à ce rythme, on finira par des atteintes à l'individu lui-même et ça va arriver bientôt si l'Etat ne vient pas à notre secours», poursuit-t-il. Le choc est tellement grand, que dès la tombée de chaque nuit, certains fuient leurs appartements au moment où d'autres se terrent chez eux terrorisés. «Après la construction de cette cité, la seule chose qui a suivi, ce n'est sans doute pas un poste de police ou de gendarmerie, mais un cimetière!», a regretté un autre résidant dans ce cri lourd de sens. En tout état de cause, les habitants de la cité sont pénalisés par cette situation qui ne cesse d'ailleurs de se répéter et si rien n'est fait par les pouvoirs publics afin d'endiguer cette nouvelle forme de violence, qui va conduire à un véritable drame. Pour les résidents de cette cité, ce qui vient de se passer n'est que la fin d'un cycle de violence et le début d'un autre cycle plus violent et qui risque d'être «meurtrier». Face à une telle «démission», le mot tombe comme un couperet: «Donnez-nous des armes!»